Barjavel possède une acuité imaginative peu courante pour un écrivain de son époque. Il se livre dans ce roman au périlleux exercice du paradoxe temporel. Il y parvient de façon nuancée.

La course contre la montre débute par l'immersion réussie dans le second conflit mondial. La vie du soldat est rude et l'ouverture inattendue proposée à un professeur de mathématique sur le seuil du temps emporte le lecteur. L'excitation face aux possibilités qu'offre l'incroyable découverte fascine tout d'abord le lecteur.Cette première partie de l'ouvrage s'avère réussie.

Las ! L'exploration d'un futur trop éloigné et fort étrange perd progressivement l'intérêt du lecteur pour le sujet dont on s'éloigne d'ailleurs un peu. Une phrase au milieu de ce passage (à lire au second degré ?) laisse imaginer un soupçon de misogynie chez l'auteur : "Déjà, de notre temps, la tête était bien la partie de leur corps dont les femmes avaient le moins besoin pour vivre !". Il faudra sans doute la replacer dans le contexte de l'époque.

C'est alors qu'un accident malheureux préfigure les questions qui vont venir harceler l'imagination de notre mathématicien. On entre alors dans la phase finale, jubilatoire, de l'ouvrage. Les paradoxes temporels se multiplient pour le plus grand ravissement intellectuel du lecteur. Les quelques paragraphes qui précèdent le mot "FIN" sont magniquement construits, génèrent une émotion folle, bouleversent littéralement le coeur et l'esprit.

Le post-scriptum mettra alors au supplice la raison du lecteur dans une conclusion qui m'est toujours restée dans un coin de la tête depuis la première lecture de ce livre il y a 25 ans.


Au final, un thème excellent fort bien traité. Dommage que la partie centrale de l'ouvrage soit si ennuyeuse.
Apostille
6

Créée

le 5 avr. 2013

Critique lue 1.3K fois

8 j'aime

Apostille

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

8

D'autres avis sur Le Voyageur imprudent

Le Voyageur imprudent
Apostille
6

Vertigineux questionnements...

Barjavel possède une acuité imaginative peu courante pour un écrivain de son époque. Il se livre dans ce roman au périlleux exercice du paradoxe temporel. Il y parvient de façon nuancée. La course...

le 5 avr. 2013

8 j'aime

Le Voyageur imprudent
EvyNadler
8

To be and no to be

Par quel heureux hasard ai-je voulu me lancer dans ce roman de science-fiction datant de 1944, genre que je n'affectionne pourtant pas particulièrement et pour lequel je n'offre qu'un intérêt limité...

le 13 juin 2015

7 j'aime

Le Voyageur imprudent
Scorcm83
10

Critique de Le Voyageur imprudent par Audric Milesi

Dieu sait que j'aime les récits traitant du voyage dans le temps, mais pourtant, jamais je n'aurai cru être autant subjugué par ce Voyageur Imprudent. Que ça soit la plume de René Barjavel,...

le 3 févr. 2018

5 j'aime

2

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Apostille
5

Vide dans l'espace et trou noir artistique...

J'avais depuis bien longtemps entendu parler de ce film devenu culte. Pourtant amateur de science-fiction, je n'avais jamais eu l'occasion de le regarder. C'est chose faite depuis ce soir. Le moins...

le 19 avr. 2014

86 j'aime

13

Les Garçons et Guillaume, à table !
Apostille
9

Guill'âme à nu...

Guillaume Gallienne est un acteur que j'apprécie beaucoup. Sa sensibilité à fleur de peau et la justesse des courtes interprétations, masculines ou féminines, qu'il livrait dans sa rubrique sur Canal...

le 26 nov. 2013

65 j'aime

10