On découvre le quatrième de couverture et on apprend que le célebrissime Einstein avait une vie privée. Franchement qu'est-ce que vous évoque cette personnalité illustre ? Dans l'inconscient collectif, ce nom est synonyme de génie scientifique, d'equation de la relativité, d'atome... Le propos du livre est donc de présenter la part d'ombre de la célebrité. La construction du livre est elle même très habile puisque l'on commence par le point de vue de la dénommée Mileva, son ex épouse, et de son deuxième fils qui dépeignent leur triste situation et le personnage qu'ils rendent responsable de celle-ci. Solitude et pauvreté pour elle, abandon et placement dans une institution helvète pour Eduard le mal aîmé. Un portrait à charge qui fait chuter notre égoïste génie de son piedestal. Je me suis facilement laissé prendre à cette excellente entrée en matière, avant de lire enfin le point de vue du père et mari. Le départ vers les Etats-Unis est moins une désertion qu'une nécessité liée à son rapport à l'Allemagne nazie. La fuite par delà l'Atlantique est on le comprend alors facilitée par son génie mais va se transformer en malédiction. Les Etats-Unis sont pour lui une cage dorée puisqu'à son corps défendant on lui attribut l'arme nucléaire et qu'il est soupçonné d'adhérer à l'idéologie communiste. Par dessus tout il est empêché d'y faire venir Eduard puisque sa nouvelle patrie refuse (même à lui) l'immigration de "fous", certainement pour préserver la pureté ambiante. Un comble pour ce juif de souche qui a dû fuir le vieux continent. Par delà le propos original et la construction malicieuse du roman, c'est enfin le talent de l'auteur qui se glisse dans la tête d'Eduard qui impressionne tant cela parait crédible et sonne juste. Alors qu'Eduard décrit son quotidien en institution psychiatrique et ses réflexions dans un style très clair et posé, on dérape tout aussi naturellement dans un délire complet où ilnse met à aboyer et agir comme un chien. On comprend entre les lignes que son mode de raisonnement passe aux yeux du monde qui l'entoure comme suréaliste. Cependant le lecteur que nous sommes voit l'action à travers ses yeux et tout nous apparait alors étonnamment logique et cohérent. C'est un sacré tour de force qui tient la distance de bout en bout. On n'a jamais l'impression que cela sonne faux. Un très bon livre qui ne tombe jamais dans la facilité et qui donne à réflechir sur plusieurs niveaux de lecture.

SebastienBrassart
8

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le 6 janv. 2017

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