Simon Perse est un écrivain insomniaque ayant renoncé à lutter contre ses problèmes de sommeil. Bien au contraire, il s’administre la prise de petites pilules visant à le maintenir éveillé et ce dans un but très simple : se passer purement et simplement de sommeil. Le protagoniste de ce roman est un personnage solitaire qui a choisi de s’inscrire dans une certaine marginalité. En père de famille divorcé, il ne regrette en rien son ancienne de vie de famille qu’il ne manque pas de qualifier d’ennuyeuse. Avec ce nouveau roman, Philippe Ségur met une fois de plus en exergue un personnage entrant en rupture avec le monde qui l’entoure (comme cela pouvait être le cas dans Vacance au pays perdu). Simon est en effet en prise avec un monde qu’il peine à accepter et si ses confrontations avec son psy je-m’en-foutiste et ses deux enfants (notamment sa fille de douze ans à la maturité terrifiante) savent le lui rappeler, son expérience d’homme sans sommeil va le mener à arpenter des sentiers de la connaissance de soi qu’il n’avait encore jamais soupçonné. Cette expérience insomniaque doublée d’une automédication des moins conseillée causent à ce protagoniste de sérieux maux de tête, mais peut-être n’est-ce qu’anecdotique comparé aux visions auxquelles il est confronté. Car Simon, à travers sa journée sans fin se voit happé dans d’autres peaux que la sienne, à d’autres époques qu’à cette ère de surconsommation à laquelle il appartient. Projeté ainsi dans d’autres espaces-temps puis ramené à son époque de façon totalement anarchique, Simon en viendra logiquement à être déboussolé et à douter de son identité.
Impossible, à la lecture de cet ouvrage, de ne pas songer au Vagabond des étoiles de Jacques London, roman audacieux dans lequel un homme incarcéré usait de la méditation pour revivre ses vies antérieures. Cependant, Le rêve de l’homme lucide se place dans un registre tout autre où humour et satire de la société font bon ménage, le tout mené de main de maître par la plume exquise de Philippe Ségur.
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le 9 déc. 2012

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Anthony Boyer

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