Situé entre 1892 et 1897, au Ghana, Les cent puits de Salaga offre comme premier intérêt d'évoquer l'esclavage en Afrique même, qui perdure alors que la pratique est devenue illégale en Occident. Le roman d'Ayesha Harruna Attah, déjà connue dans le monde anglophone mais dont c'est la première traduction en français, suit les itinéraires parallèles de deux jeunes femmes de la région de Salaga, Wurche et Aminah, qui finiront par converger. Construit sur le mode de l'alternance entre ces deux personnages, le livre ne prend vraiment son envol que quand la seconde devient l'esclave de la première et confronte deux existences aussi dissemblables que possible. Wurche, la princesse royale qui s'intéresse à la politique et Aminah, la captive qui a perdu toute sa famille, ont pour point commun l'aspiration à la liberté et la romancière en fait deux héroïnes du féminisme, chacune à leur façon. L'ouvrage n'est pas difficile d'accès mais Ayesha Harruna Attah a beaucoup de choses à dire sur cette période précoloniale, où Allemands et Anglais posent leurs premiers jalons tandis que les différentes communautés autochtones se déchirent et discutent à n'en plus finir. D'où, sans doute, un sentiment de confusion parfois, au moins dans la première partie de Les cent puits de Salaga, quand la politique et les conflits prennent le pas sur ces deux portraits de femmes aux prises avec une société patriarcale.

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le 22 sept. 2019

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