« Les chroniques de Durdane » est un des cycle de space opera de l’auteur Jack Vance, auteur de SF de la 2ème moitié du XX siècle, bien connu pour sa contribution au genre et ses récits riches en détails sur des cultures aliens ou comme ici d’autres peuples humains. Si cette saga n’est pas une des plus connue (par rapport au cycle de Tchai ou la geste des princes démons), « les chroniques de Durdane » possède visiblement (du moins ce que j’ai pu lire sur internet, étant donné que c’est le seul livre que j’ai lu de l’auteur) la marque caractéristique de l’auteur avec sa richesse de détails, mais aussi il faut bien le dire un développement sommaire de ses personnages.


Durdane est un monde éloigné colonisé il y a si longtemps qu’il a fini par quasiment être oublié de la Terre. Le continent du Shant a trouvé une forme de stabilité sous un régime un peu particulier : il est entièrement soumis au régime de l’Anome, l’Homme sans visage, un dirigeant anonyme. Chaque région est très différente et possède plusieurs règles, mais chaque règle doit être strictement respecté. C’est d’ailleurs là la seule règle de l’Anome : l’obéissance absolue aux règles de chaque canton. Les habitants sont liés à ce régime par des torques, sorte de colliers contenant un explosif qui est activé en cas de transgression. Cette organisation garanti la paix et la stabilité entre des régions très différentes, mais au prix de grosses inégalités et des injustices cruelles : certains se retrouvent à travailler de force pour racheter leur torque à des responsables qui les exploitent, et qui bien souvent manœuvrent pour ne pas les laisser partir même après la fin légal de leur contrat, tandis que dans certaines régions des minorités peuvent être exploitées, comme les femmes, dont la mère du héros.
Gastel Etzwane provient d’une région où la religion occupe une place très importante, la musique et toutes formes de distraction y sont bannies, et les femmes mis au ban car considérées comme impur. Pourtant, une autre forme de pensée a grandi depuis toujours dans l’esprit du jeune homme, et il refuse de passer le reste de sa vie à se comporter en ascète pour des croyances ridicules. Pour rester auprès de sa mère, parce que le prix des transgressions est très élevée, passible de mort même, il se résout à contre cœur à passer l’épreuve de l’initiation. Mais son côté rebelle est trop prononcé et il est incapable de respecter les règles strictes de son canton. Indigné par le traitement inique de sa mère, condamnée au travail forcé sans espoir de libération, il s’engage dans un long voyage pour plaider sa cause à l’Homme sans Visage. Il ignore encore que le voyage qu’il débute va dépasser de très loin sa propre cause personnel…


Un des grands avantages du livre, c’est que l’on ne s’ennuie pas et que le rythme ne connait pas de faiblesse. L’ensemble est très structuré, les intrigues s’enchainent et le héros passe d’une quête après l’autre.
Tout d’abord il découvre que l’Anome, respecté et craint, n’est guère à l’écoute de ces protégés. Quand il constate le problème de l’invasion des Asutras, qui commencent à attaquer plusieurs régions y compris la sienne, il n’a d’autre choix que de réagir, quitte à s’attirer la colère de celui qui peut à tout moment mettre fin à sa vie. Les Asutras posent plusieurs mystères : pourquoi attaquent-ils ? Ils semblent posséder des armements qu’ils ne devraient pas avoir, il y a forcément quelqu’un derrière, mais qui ? En enquêtant, il se retrouve sans le vouloir propulsé au sommet du pouvoir, et tente de réorganiser toute une région qui n’a plus l’habitude depuis des générations de décider par eux-mêmes, tout entièrement soumis à des ordres venus d’en haut. Après quelques tâtonnements, les premières victoires surviennent, mais le mystère demeure. La quête pour trouver le véritable responsable de l’attaque contre le Shant l’amènera dans des régions sauvages méconnues, et même sur d’autres mondes.


L’organisation particulière de ce continent est l’occasion pour l’auteur d’exploiter son talent pour décrire de nouvelles cultures. Il va jusqu’à inventer des espèces typiques de Durdane, et même des plats de cuisine (les 44 plats, où une succession de petits plats savamment conçus pour marier avec harmonie les textures et les saveurs) et des instruments de musique. En effet Gastel aspire tout d’abord à devenir musicien, comme son père, et participe pendant un temps dans une troupe de musique itinérante, ou il devient experte dans un instrument appelé kithan.


Comme je le disais en introduction, le principal écueil de ce livre, assez propre à l’auteur, est la personnalité du héros qui manque de développement. A plusieurs reprises Gastel Etzwane se lance tête baissé dans des actions parfois risquées, et quand il s’avère qu’il ait pu s’être trompé, on ne le voit guère douté. Montrer d’avantage son raisonnement, ou ce qu’il se passe dans sa tête, n’aurait pas été superflu. Les autres personnages jouent leur rôle d’alliés plus ou moins fiables, ou d’ennemis jouant les obstacles à écarter, sans briller.


Trouvé dans un vide grenier, je ne regrette pas cet achat, même si j’aurais aimé commencé par un des cycles plus connu de l’auteur. Plus tard peut-être, mais il y a tellement d’autres mondes à découvrir…

Enlak
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le 10 févr. 2018

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