Paolo Giordano est né sous une bonne étoile. Il est jeune (32 ans), beau (on dirait un acteur italien) et intelligent (docteur en physique). Comme si cela ne suffisait pas, son premier roman, La solitude des nombres premiers, a obtenu le Prix Strega, a conquis des lecteurs dans le monde entier et a été adapté au cinéma. Après un début aussi marquant, son livre suivant : Le corps humain, est passé un peu inaperçu. Nul doute que Les humeurs insolubles, son dernier roman, noyé dans la rentrée littéraire, sera encore davantage ignoré. Il est modeste par sa taille (celui d'un Nothomb) mais a priori aussi par son contenu. De quoi s'agit-il ? De la maladie puis de la disparition de la nounou du fils du narrateur, devenue ensuite plus ou moins leur femme de ménage et qui s'était imposée, au fil de 8 années de vie commune, comme un élément fédérateur de sa petite famille. Sans doute en grande partie autobiographique, ce texte décrit assez précisément la souffrance physique d'une vieille dame et les dommages collatéraux infligés à ceux qu'elle protégeait sous son aile tant qu'elle était vivante. L'air de rien, Giordano parle du couple et de sa lente érosion, des petits malentendus et des divergences de points de vue qui finissent par creuser des crevasses infranchissables. La nounou était, par sa bienveillance, sa compréhension mais aussi son caractère bien trempé, l'élément qui cimentait le foyer décrit par le romancier. D'une plume alerte et sensible, Paolo Giordano évoque les petits riens du quotidien, la nécessité de surmonter le deuil et de continuer sa route en évitant de blesser ceux qu'on aime. Un livre modeste, soit, mais loin d'être négligeable.

Cinephile-doux
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le 4 janv. 2017

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