À lire en se grattant derrière l’oreille

Avec ce livre-là, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même : je m’en doutais, en lisant la quatrième de couverture, que ce n’était pas un chef-d’œuvre, et même qu’il ne m’intéresserait pas vraiment. Mais voilà : la quête de la bonne surprise, l’envie de se dire que cette fois ça peut marcher… Au bout du compte, moins de cent cinquante pages qui ont traîné trois semaines à côté du lit, dans mon sac ou ma poche avant que je me décide à en finir.
Ce livre parle des chiens, les larmes du titre faisant référence à celles versées par le plus menteur des héros grecs, lorsque de retour à Ithaque il voit la lueur dans le regard d’Argos. Des chiens d’écrivains, des fictifs, des réels, des chiens célèbres ou plutôt des chiens de gens célèbres… C’est aussi l’occasion de parler d’autre chose : « À mesure que j’écris, je commence à considérer mon livre sur les chiens comme un rendez-vous des gens que j’aime », nous dit Roger Grenier (p. 83). Grand bien lui fît !
On y apprend que « la littérature animalière a ceci de particulier qu’elle nous marque dès l’enfance » (p. 151). Saviez-vous, du reste, que « l’animal de compagnie, de par la brièveté de son cycle de vie, nous dit chaque jour […] : je vais mourir bientôt » (p. 19) ? Autre révélation bouleversante : « Les hommes se comportent avec les animaux dans les livres comme dans la vie. Avec plus ou moins de sincérité, d’intelligence, d’amour, de mépris, d’indifférence » (p. 79)…
Bon, j’exagère un peu, mais le propos que j’ai trouvé le plus intéressant dans les Larmes d’Ulysse est ceci : « Kipling […] arrive à une transposition au second degré, en faisant de Mowgli un petit d’homme élevé par des animaux, mais par des animaux qui pensent comme des hommes » (p. 117). On admettra que ça n’atteint pas non plus des altitudes époustouflantes.
Toute muflerie mise à part, en lisant ce bouquin, j’ai eu l’impression d’être un homme fraîchement séparé qui se serait consolé dans les bras de la première venue, en s’imaginant vaguement un nouveau grand amour, mais sans trop y croire et qui, après quelques lâchetés, finit par la laisser tomber, parce que ça ne marchait pas et que de toute façon ça n’aurait pas marché. Bon, au moins, avec les Larmes d’Ulysse, personne n’a souffert.

Alcofribas
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le 16 juil. 2019

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