Ayant découvert l’univers de Game of Thrones par la série TV et non par les livres, j’ai abordé les livres comme un complément, ou une alternative peut-être, à la série dont j’ai fini par être fan, j’en ferai de même dans ma critique. Je ne spoilerai pas dans le détail de passages importants, je les sous entendrai tout au plus mais j’en parlerai quand même à demi-mot donc bien sûr si vous voulez une découverte totale, lire cette critique n’est pas recommandée mais j’ai envie de dire que ça vaut pour toute critique dans ce cas-là.
Nous arrivons là à l’un de mes passages préférés de la série et connaissant l’excellente réputation de ce tome-ci en particulier je l’ai abordé avec un regard très critique en cherchant ce qui pouvait me déplaire et bon sang même avec ça en tête qu’est-ce que j’ai adoré cette lecture ! Déjà la scène où les Lannisters envoient leurs salutations est encore mieux écrite que dans la série en étant mieux amorcée avec les plans de bataille prévus pour la reconquête de Moat Coalin, Clegane qui s’imagine au service de Robb face à son frère... qui font une plus grande diversion pour le réel lieu et moment où tout se jouera.
Ensuite, Dacey Mormont est un personnage secondaire attachant qui n’en rajoute qu’encore davantage à l’aspect dramatique du passage, Robb qui désigne Jon comme son héritier contre l’avis de Catelyn introduit avec intelligence une intrigue future... J’ai rarement eu autant de mal à tourner les pages par empathie pour les personnages que je ne voulais pas voir disparaître, ce n’est pas la disparition très brutale et très expéditive du Donjon Rouge mais ici un travail qui se fait dans le temps avec plein de petits indices pour pleinement comprendre ce qui va se passer à la seconde lecture sans spoiler à la première.
C’était l’évidence même qu’a manqué la série : enchaîner les deux noces pour passer des larmes au rire avec une efficacité parfaite car travaillée depuis 7 tomes à cet effet. La série a été très respectueuse du déroulement dans les grandes lignes, même si je note pour le livre Ser Garlan qui apporte une touche de nuance au mépris général que se prend Tyrion qui souffre du manque de reconnaissance pour ses actions et ses sacrifices. Ça se ressent encore mieux dans le livre en ce qui me concerne, ce qui là encore introduit très bien une intrigue future.
Les échanges entre Tyrion et son père amènent aussi plus d’informations sur le meurtre d’Élia pour lequel la série laisse planer un doute. Je ne sais pas s’il est si pertinent que ça de tout expliquer mais c’est bien qu’au moins on sache vraiment ce qu’il en est vu l’importance qu’a pris cet événement dans l’histoire du récit et son impact sur ce dernier. Donc je ne reproche pas forcément à la série d’avoir été avare en informations sur la question mais je ne reproche pas au livre d’en avoir été plus généreux pour autant.
Mais ce n’est en plus que deux très grands moments parmi d’autres tout aussi grands dans mon estime qui figurent rien que dans ce tome ! Jon ralliant le mur est un passage ici plus long et plus riche en informations stratégiques avec la bonne idée par exemple des mannequins qui servent de leurres pour une bataille qui arrive beaucoup plus tôt que dans la série. Elle est peut-être un peu moins bien amorcée par conséquent, j’apprécie beaucoup l’attaque du village et le rôle tenue alors par Ygrid, propre à la série donc mais c’est encore un excellent moment de plus pour ce tome.
Ygrid est l’un de mes personnages favoris de cet univers et elle brille de milles feux dans ce tome, en plus d’être moteur d’une scène dramatique d’une intensité égale pour ma part aux deux noces, elle accentue encore plus ici la critique du système féodal pour ce qu’il est en se projetant aussi pas mal pour une critique plus large de notre société moderne avec les concepts de mariages, de frontières... que j’ai trouvé très pertinente dans un ouvrage qui ne s’aventure que peu sur ce terrain-là en dehors de ce personnage.
On a donc 3 passages cultes de la saga réunis dans un seul tome qui comprend en plus d’autres bonnes idées ici et là. Le flashback de Jaime avec les autres membres de la garde royale du temps d’Aerys permet de développer un peu plus le personnage, les tensions entre Daenerys et Jorah sont vraiment bien justifiées, l’arrivée d’Euron dans l’intrigue contre les 3 saisons à attendre pour la série a plus de sens car respectueuse des 3 sangsues de Stannis, la prophétie du roi de la nuit introduit un autre arc narratif à venir avec intelligence...
L’arc avec Daenerys n’est d’ailleurs pas sans intensité non plus avec enfin la révélation sur l’identité d’Arstan et des missions de Jorah au début suite à un duel qui je pense aurait été très sympa entre Selmy et Mero. Déjà pour l’effet de surprise en tant que tel qui aurait encore mieux rendu à l’écran à mon avis mais aussi pour qu’on constate vraiment de quoi est capable ce guerrier légendaire qu’on ne voit quasiment jamais en action dans la série, ce qui est quand même dommage quand on pense que son adresse à l’épée le caractérise tant.
J’ai beau cherché, je ne vois rien à reprocher à ce livre qui conclut de manière magistrale plein d’arcs narratifs majeurs avec une efficacité redoutable tout en introduisant parfaitement bien ses futures intrigues qui vivront dans l’ombre de celles-ci. Je ne crois pas avoir déjà lu un livre qui concentre autant d’émotions fortes, et cela alors même que je connaissait déjà l’intrigue dans sa version série TV ce qui est tout de même assez incroyable, je n’ose pas imaginer ceux et celles qui ont eu le bonheur de découvrir ces noces propres dans cette version littéraire.