A priori, c’est toujours sympathique, ces florilèges. Celui-ci a le mérite d’indiquer la source de chaque citation. Du reste, le lecteur peut s’offrir le plaisir de faire ce que le compilateur n’a pas fait : les classer.
On relèvera ainsi des cas d’ironie rétrospective (« De tout cela, que restera-t-il, dans un mois, dans un an ? » à propos des Demoiselles de Rochefort), des lignes fleurant bon l’aveuglement idéologique (Bons Baisers de Russie qui « nous ramène au niveau mental et moral des bandes dessinées américaines pour analphabètes adultes », c’est dans l’Humanité), des remarques pas très politiquement correctes (« Marie Laforêt a […] de beaux yeux […], mais une bouche et un nez déplaisants », mais c’est une femme qui s’exprime), des attaques ad hominem (« À la civilisation du cul, chère à Godard, ajoutons celle des cons, dont il est un historien »), de la mauvaise foi revendiquée (« J’ai beaucoup aimé, je ne l’ai pas vu ! »), des critiques qui succombent à leur goût pour le bon mot (« Tobe Hooper a tourné son film [Massacre à la tronçonneuse] à l’emporte-pièces »), de l’assassinat à l’ancien style (« Nous n’aimions guère les précédents films de Sautet, nous détestons celui-ci », à propos des Choses de la vie, dans les Cahiers du cinéma) – et Marguerite Duras en victime récurrente (« L’acteur japonais [dans Hiroshima mon amour] parle difficilement le français de Mme Duras. On en perd la moitié, mais ce n’est pas un reproche, au contraire »).
Tout ceci n’empêche pas les Pépites de la critique cinéma de manquer de consistance. On se l’offrira pour les fêtes, on le gardera dans ses toilettes pour occuper les moments de solitude sur le trône, et c’est à peu près tout. Car il ne faut pas attendre de ces quelque cent cinquante pages la moindre mise en perspective, ni de citation dépassant trois phrases ; or, dans certains cas, lire la critique entière eût été intéressant – pour savoir, par exemple, si l’ensemble de l’article d’Olivier Père sur Matrix est du niveau de « Essayer de résumer Matrix n’est pas de tout repos. Voir le film non plus ».