Rosa Yassin Hassan, romancière syrienne de 40 ans, a un autre métier : architecte. Est-ce l'explication de la finesse avec laquelle elle a construit Les gardiens de l'air, témoignage accablant du climat social et politique dans lequel vivait le pays quelque temps avant les "événements" que l'on connait (la première publication du livre date de 2009) ? Beaucoup de strates et de personnages dans ce roman, une chronologie chahutée, des narrateurs qui varient mais il reste des fondations solides et un sujet fort : quelle vie pour ces femmes dans la fleur de l'âge dont le mari est emprisonné pour une longue période dans les geôles de Bachar el-Assad ? Rester fidèle, tromper ou divorcer ? Trois portraits de trentenaires donnent autant de réponses possibles et quand leurs hommes sont enfin libérés, l'existence commune ne ressemblera à rien de ce qu'elles attendaient. La romancière est au plus proche de ces femmes, sonde les âmes et les corps, s'interroge sur le désir. C'est une littérature clairement engagée (plusieurs des livres de Rosa Yassin Hassan ont été interdits en Syrie) qui s'intéresse aussi au sort des exilés du Moyen-Orient, kurdes ou irakiens, sans jamais délaisser l'intime. Conçu comme un millefeuille des sentiments, Les gardiens de l'air ne perd pas un seul instant son point de vue courageux sur la condition féminine à Damas, porté par une écriture lumineuse et sereine en dépit de la dureté des temps.

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le 11 janv. 2017

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