Tout commence plutôt bien. Pour le lecteur de Mario Cuenca Sandoval dont le roman Les hémisphères est qualifié en quatrième de couverture de "vertigineux et de mystérieux." Donc, le début n'est pas mal avec cet accident de voiture à Ibiza dont réchappent Gabriel et son ami Hubert, deux intellectuels, mais pas la conductrice de l'autre automobile, femme aux jambes très longues et ... sans nombril. Cette vision va hanter Gabriel et Hubert au point de "réinventer" cette apparition fugitive et macabre sous les traits d'une jeune femme adepte de drogue, de pulsions suicidaires et de désintérêt global pour le monde qui l'entoure. Cette première partie du livre, bien que souvent confuse et riche de métaphores plus ou moins inspirées, a au moins le mérite de créer une atmosphère à mi-chemin entre Sueurs froides d'Hitchcock et Ordet de Dreyer, fréquemment cités. Sans compter nombre de références à Deleuze ou Foucault, qui déjà, laissent à penser que Sandoval est parti pour nous livrer un ouvrage conceptuel et postmoderne aux opaques messages. La deuxième partie, qui fonctionne de manière symétrique, en forme de miroir de la première, enfonce le clou et s'aventure sur un terrain expérimental qui la rend sinon illisible du moins épuisante et de plus en plus pénible. Au point de se résoudre à parcourir d'un oeil morne les deux cents dernières pages sans espoir d'y trouver un grand réconfort. La quatrième de couverture, encore elle, parle de road-movie halluciné. Entre nous, on est très loin de Thelma et Louise. Un exemple de passage que l'on trouve dans ce livre "d'un auteur majeur" (dixit la q........ de c.........) : "Je parle au pluriel mais ce n'est pas un pluriel de majesté. Je parle au pluriel car le Troisième Etat n'est pas solipsiste comme on pourrait le supposer d'un cerveau isolé par le coma ou aux abords de la mort." Intéressant, n'est-ce pas et peut-être un poil emphatique et poseur, non ? Bien, merci d'analyser cette phrase en lui cherchant des équivalences dans le cinéma de Dreyer et d'Hitchcock, par exemple. Vous avez trois heures.

Cinephile-doux
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le 4 janv. 2017

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