Lyres
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Lyres

livre de Francis Ponge ()

Lu en Décembre 2020. 5/10
Francis Ponge, je savais d'avance que ça serait spécial. Bouleversement des codes poétiques au point qu'on se demanderait parfois où se situe la poésie.
Le tour de force de ce recueil est évidemment le central « Texte sur l'électricité ». Mélange de genre assez incroyable, dont je ne peux pourtant pas dénier le lyrisme et le côté poétique, il s'agit d'une véritable méditation.
Mais l'ensemble reste tout de même assez hétérogène, écrit quasi-exclusivement en prose, Ponge se permet le prosaïsme et l'approximation car c'est sa manière d'exprimer sa poésie. Ça a le mérite d'être très intéressant en tant qu'approche. Personnellement je n'adhère pas à la forme.
Une partie des pièces sont consacrées à des connaissances (des auteurs bien souvent) de Ponge, cela s'avère difficile à suivre quand on ne les connaît pas.
Certains poèmes sont très expressifs, bien sentis, puissant comme « Dimanche, ou l'Artiste ». Mais ce sont des sortes d'épisodes poétiques comme amputés de leur contexte, des romanciers intègrent ce genre de prose lyrique dans leurs description et cela fonctionne, ici tout est orphelin et déroute.
De même, en lisant certains des poèmes qui tournent autour du pot comme le « Texte sur l'électricité », « Le Ministre », « De Profundis à la gloire de Claudel », j'ai l'impression de lire du Sous-Devos, du Devos qui se la joue et qui n'est pas destiné à faire rire. D'ailleurs, dans la « pensée comme la grimace », Ponge se décrit lui même comme raide dans sson processus d'écriture et de création ce qui ne m'étonne pas au vu du style général.
Il est intéressant de noter que plus le poème est écrit tardivement dans sa chronologie, plus il brise les codes, plus il fait ce qu'il veut et pourrait t-on dire : n'importe quoi. Le souci c'est que Ponge commence à écrire pendant l'avènement du surréalisme, qui brisait déjà bien les codes, ce qui donne l'impression qu'il n'a jamais vraiment commencé à maîtriser les codes.
Mes poèmes préférés sont ceux qui observent réellement le monde, quand Ponge se pose en observateur pointilleux et pointilliste. Je pense notament à « L'allumette » qui est d'une extrême vivacité. Mais aussi « Souvenirs d'Avignon » « Le quartier des affaires » « Soir d'Août »...
« Le baptème funèbre » sur un thème difficile est aussi bon car sobre et humble par rapport à l'ensemble. Tandis que l'humilité ne semble pas être le fort de Ponge, qui donc se plaît à nous raconter sa vie ou son avis sans que cela ne soit particulièrement bien écrit ou pertinent « Les illuminations à l'opéra comique », « réflexion sur la jeunesse » « textes sur Romains » ; ils sentent fort ce que sera le Bourgeois Bohème .
En bref, cet éclectisme qui ne pose jamais de base solide pâtit de son orgueil et de ses idées sur le lyrisme qui dénotent, il faut le reconnaître, d'une grande imagination et créativité poétique.

Arimaakousei
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le 28 déc. 2020

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Arimaa_kousei

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