Christian Oster est un écrivain constant. Dans la brièveté de ses romans, dans le style avec de longues phrases, parfois tarabiscotées et tortueuses où l'emploi du subjonctif imparfait n'est pas une rareté, dans ses thèmes enfin, à la lisière du thriller, dont il contourne les codes pour en extraire une substance angoissante qui s'apparente à une course lente vers le néant. Le narrateur de Massif central, Paul, vient de quitter sa compagne, Maud, qu'il avait précédemment détourné d'un certain Carl Denver, individu plutôt inquiétant et potentiellement violent. Alors Paul fuit, comme beaucoup de personnages d'Oster, et dérive vers le Centre de la France, notamment Limoges. A partir de là, notre héros rencontre des connaissances ou des inconnus et sent planer en toutes circonstances l'ombre de Denver. Paul est-il paranoïaque, voire sur le point de devenir fou ? Difficile à dire car notre héros est du genre flou et peu résolu dont les déplacements s'apparentent plus à une dérive qu'à un cheminement raisonné. L'auteur construit une intrigue faussement linéaire tenue par un suspense latent et l'idée que ce qui est le plus absurde est susceptible d'arriver. Ce n'est sans doute pas avec Massif central que Christian Oster va conquérir de nouveaux lecteurs mais il devrait garder les plus fidèles, sensibles à une prose et à un ton qui pourraient être ceux d'un Modiano qui ne serait plus obsédé par le passé et les souvenirs mais flottant dans une réalité inquiète.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2018

Créée

le 20 mars 2018

Critique lue 283 fois

2 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 283 fois

2

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13