(Critique à venir).


Evidemment, la quatrième de couverture est alléchante : un retour sur les affaires Boulin, Urba, Elf, Clearstream, Kerviel... On va avoir droit à une sorte de cours de rattrapage sur les affaires parmi les plus croustillantes des quarante dernières années.


Le style est cependant très sec, d'un dépouillement qui frappe, et évoque les conclusions d'un procès.


Non pas que ce livre ne soit pas personnel : Sans entrer dans le détail de son enfance, Van Ruymbeke explique sa vocation (le besoin de prouver à son père qu'un juge n'est pas forcément un laquais), son goût pour le piano qui l'a soutenu dans ses épreuves, sa petite routine de magistrat, les liens qu'il a su tisser avec des collaborateurs, notamment ses homologues suisses et luxembourgeois....


Cependant l'exposé des faits est très sec. Le livre s'ouvre d'ailleurs sur l'affaire Boulin, qui est sans doute la plus difficile à démêler, ce qui est ennuyeux.


Si l'on peut avoir l'impression que le livre sera une série de monographie sur les plus grandes affaires croisées par le juge, il y a en réalité un fil rouge : celui d'une nécessité de rester indépendant en résistant aux pressions, tant du monde médiatique que du monde politique. A ce sujet, les pires pressions qu'a connues V. R. se situent au début de sa carrière (avec l'affaire Boulin) et sous le mandat de Sarkozy (à cause de l'affaire Clearstream, il encourt une procédure disciplinaire et son avancement est bloqué). Le but n'est pas tant de révéler le fin mot de chaque affaire que d'expliquer le travail de juge, les pressions subies. Le dénouement est souvent un peu décevant, aussi sec et neutre qu'une sentence de tribunal.


V. R. conclue l'ouvrage sur ce qu'il faut réformer dans la justice actuelle : évidemment découpler l'avancement et la nomination des magistrats du Ministère de la Justice, et le confier à un Conseil Supérieur de la Magistrature qui serait démocratisé, avec une partie de magistrats et une plus grande partie de citoyens élus. Il insiste aussi sur les initiatives à mener au niveau international pour coordonner la lutte contre la fraude et l'évasion fiscale.


Très bien, mais je suis étonné que V. R. parle aussi peu de l'état de délabrement de la justice actuelle, de son sous-financement, de ses sous-effectifs criants. Est-ce parce que c'est un vieux monsieur ? Est-ce parce, malgré sa droiture et sa frugalité, sa carrière a fait qu'il ne se situe pas sur le même plan qu'un juge de province ? J'ai été un peu déçu de ce manque de solidarité. Mais peut-être ma critique est-elle infondée : après tout, ce livre se concentre sur la lutte contre la corruption. Mais c'est un peu dommage qu'il donne l'impression que la justice se résume à cela.


Le chapitre sur Kerviel est particulièrement froid, neutre et sec. Comme si V. R. se retranchait derrière les décisions de la cour face à Kerviel. Le juge semble renvoyer dos à dos le trader et la Société Générale. Etrange.

zardoz6704
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le 25 juil. 2021

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