Mercy, Mary, Patty
6.9
Mercy, Mary, Patty

livre de Lola Lafon (2017)

La petite capitaliste que l'on ne comprenait jamais

D'une icône à une autre. De Nadia Comaneci à Patty Hearst. Après La petite communiste qui ne souriait jamais au tour de La petite capitaliste que l'on ne comprenait jamais. Le roman de Lola Lafon est particulièrement retors, ne traitant pas le sujet frontalement mais par des biais détournés, en introduisant des personnages réels ou de fiction, qui discourent et analysent le cas de Patricia Hearst, comme si son mystère pouvait être résolu. Lola Lafon sait bien que non et comme Marc Dugain dans Ils vont tuer Robert Kennedy, elle tourne autour de son héroïne, élargit le débat, échafaude des hypothèses, s'autorise des digressions ... Raconter tel quel le cas Patty Hearst, qui a déjà suscité moult essais, biographies et même un film (de Paul Schrader), n'aurait sans doute eu de l'intérêt que pour ceux qui ne connaissent rien de l'affaire. Mais en faire un cas d'école pour s'interroger sur ce qu'est la liberté et parler du conditionnement social, auquel personne n'échappe, mérite t-il pour autant d'y consacrer un roman ? Lola Lafon n'a pas choisi la facilité avec ce vouvoiement de l'une des trois principales figures du livre (qui ne sont d'ailleurs pas Mercy, Mary, Patty, enfin si, bien sûr, pour la dernière), l'experte missionnée par la famille Hearst pour prouver, avant le procès, l'innocence de Patty. Ce "vous" qui revient sans cesse impose une distance, sonne comme une scansion qui égratigne les yeux. Difficile de s'y faire, vraiment. Alors, on s'attache à Violaine, sa jeune assistante, qu'elle rudoie parfois. Et on perd de vue Patty Hearst ? Un peu, oui, malgré le rappel des faits : l'enlèvement, les déclarations incendiaires, la participation à des braquages, la prison ... Qu'a t-on lu avec Mercy, Mary, Patty ? Ni une biographie, ni un éloge, ni une condamnation. C'est de la littérature, pour sûr, mais est-ce un bon roman ? Comme dans le cas de Patty Hearst, les opinions peuvent totalement diverger.

Cinephile-doux
5
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le 13 nov. 2017

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