On se souvient tous de cette effroyable et incroyable tragédie de l’année 1972. Celle d’un petit avion transportant une équipe de jeunes rugbymen uruguayenne vers le Chili, destination qu’il n’attendra cependant jamais suite au crash de l’appareil en pleine cordillère des Andes. Alors que très vite, les recherches seront abandonnées et les proches pleureront leurs disparus, sur un glacier à 3600 mètres d’altitude, les survivants, abandonnés à eux-mêmes devront lutter contre le froid, la faim, la peur et céder aux instincts à la fois les plus primaires et les plus courageux pour survivre.

Relatée par Piers-Paul Read en 1974 dans son ouvrage Les Survivants, puis adaptée en 1993 dans le film du même nom, Nando Parrado, rescapé de la tragédie, nous livre à son tour le récit personnel de cette odyssée cauchemardesque et pourtant incroyablement humaine.
" 72 jours dans les montagnes et ma longue marche pour rentrer "

Après l’éphémère espoir de voir les secours arriver, Nando Parrado nous livre de l’intérieur le quotidien des survivants. Dans l’enfer blanc des montagnes, survivre à chaque jour est une épreuve, et chaque lever de soleil voit naître la remise en question de l’utilité de se battre pour survivre, le bouleversement des croyances religieuses et par conséquent la décision de transgresser le tabou ultime : se nourrir du corps des victimes.

Sans voyeurisme et avec humilité, Parrado aborde chacun de ces questionnements auxquels ont dû faire face les rescapés, et la façon dont les uns et autres ont réagi, avec déni, résignation, ou violence. L’homme face à la mort, poussé dans ses derniers retranchements, devient dans ses bons et mauvais côtés l’homme "vrai"; et dans l’étendue de ce milieu hostile, il est si insignifiant, que pour démontrer ses droits à la Nature, se battre pour (sur)vivre devient essentiel.

De l’expédition de la dernière chance à travers les Andes, jusqu’aux vallées vertes tant espérées du Chili d’où viendra le salut, le récit haletant du duo escaladant les montagnes (Nando lui-même accompagné de son ami Roberto) est une ode à l’amitié et à l’amour, au courage et au dépassement de soi.
«J’ai eu un moment de calme et de clarté, et dans cette lucidité nouvelle, j’ai découvert un secret simple et stupéfiant : la mort a un contraire, mais ce contraire n’est pas la vie. Ce n’est pas non plus le courage, la foi, ou la volonté. Le contraire de la mort, c’est l’amour.»

Témoignage poignant de sincérité et de retenue, ce récit émouvant (jusqu’aux larmes) démontre la formidable capacité d’adaptation des hommes pour survivre, et de leur aptitude, main dans la main, à rationaliser l’horreur. Une bouleversante leçon de vie, un triomphe pour l’humanité.
elmatador
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le 10 janv. 2014

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