Mythe en Russie comme Faust ou Don Juan peuvent l'être chez nous, Oblomov est, originellement, un roman génial, profond, dense et baroque.
On y suit les non-aventures d'Oblomov, un homme qui veut passer sa vie dans son canapé, à trainailler et rêvasser, vivant de ses rentes tranquillement. Cette vie douce, bien que molle, est mise à mal par les visites impromptues de ses "amis" et, surtout, par l'expulsion prochaine de son appartement.
Roman d'un mou qui aurait pu s’avérer une ode à l'inaction ou, à contrario, à la volonté de puissance, Oblomov ne tranche jamais et fait s'affronter philosophiquement le "héros" éponyme avec son double inversé, Stoltz, dans des dialogues brillants portant sur la vacuité ou non de l'action.
(La traduction du livre de poche est à cet égard brillante)
En ces temps de valorisation du travail comme libération de l'homme, où cette question est au centre du questionnement politique, il est temps de relire Oblomov.
Je vous laisse, je vais me recoucher.
PS : ceux qui ont vu la référence à Renaud dans le titre de la critique gagnent un bisou.