Étrange sentiment qui persiste après la dernière page d'"On / Off". J'ai apprécié le ton et le rythme du livre, qui se fait toujours léger malgré des chutes ahurissantes, placées comme autant de twists bien sentis dans un scénario. L'auteur, en bon philosophe qu'il est, raconte son vécu dans un milieu abruti et abrutissant, mais jamais sous forme de brûlot sanguinaire ni de coup de gueule blasé et revanchard. Il vous emporte plutôt dans le tourbillon futile de la télé cryptée Parisienne, où ne subsiste que le vide, les a prioris et le paraître. Le paraître à tout prix, avec toutes les dérives que ça implique, et l'argent qui coule à flots en arrière-plan.
Mais là où on pourrait se dire qu'on a déjà vu ça une centaine de fois, on se rend vite compte que le livre regorge de nombreuses petites perles.
En premier lieu, impossible de passer à côté de la construction du livre en lui-même. Construit comme un roman moderne, avec ses twists et ses chutes qui tiennent le lecteur en haleine, on a du mal à le lâcher.
Ensuite, on apprécie l'humour et la finesse d'écriture, qui vous prennent très souvent au dépourvu tout en vous sidérant par la stupidité des personnages. Mais la petite liste des abréviations placée à la fin du livre vous rappelle qu'il s'agit de l'expérience vécue par un chroniqueur. Et là on rit jaune, car vu que le ton est léger, on en oublierai presque qu'il y a une vérité là dessous. Pas folle la guêpe. Tu te laisse porter par le fleuve, mais tu reste quand même à deux doigts de couler dans les eaux bien polluées de la Seine. On distingue ici et là quelques piques plus acides que les autres, comme l'intitulé de la jaquette, "comédie", qui m'avait déjà fait sourire pour le cynisme qu'il suggérait; mais O. Pourriol ne franchit que très rarement la limite: Le ton reste toujours léger, jamais redondant, saoulant ou condescendant.
Au contraire, il place astucieusement quelques tremplins propres à élever le débat entre les chutes improbables de la connerie Parisienne. En faisant mettant le doigt sur la grande redondance des invités et de certains intervenants, ou le nivellement par le bas de l'information, il attire votre attention sur une télé ultra formatée qui peine à sortir de ses clous. Il vous raconte au travers de son expérience l'échec d'un format qui ne réagit plus que dans la nervosité et l'immédiateté, mais toujours en vous poussant à vous interroger. Il ne crachera jamais ni sur le public ni vraiment sur ceux qui l'ont prit pour une bille. Classe.
Voilà pourquoi j'ai aimé ce bouquin. S'il est largement romancé, il n'en demeure pas moins astucieux, fair-play, rigolo et bien rythmé. Le côté grinçant et authentique viendra plutôt avec les quelques émissions disponibles sur You Tube, où on voit Ollivier Pourriol en live et où on redécouvre les émissions avec les explications de l'intéressé dans un coin de sa tête. On prend conscience de ce qui a été coupé au montage et du cynisme sous-jacent. Joli contraste pour une année à 120 000 balles. (Et j'ai acheté ce livre...)
Et puis finalement, je partais déjà dans de très bonnes dispositions avec quelqu'un qui me raconte comment ce gros con de Jean Michel Apathie s'est fait clouer le bec. DEUX FOIS. Fut-ce avec un certain N.S. (même avec celui-là)