l a fallu bien du temps, une dizaine d'années, avant que Ali Bader soit enfin traduit en français. Et, logiquement, c'est le premier de ses 11 romans, Papa Sartre, qui a eu cet honneur, en espérant que d'autres ouvrages suivront très vite. Le plaisir de lecture est immédiat. Autant sur la forme : une biographie fictive enchâssée dans un récit contemporain qui joue la carte du mystère ; et autant sur le fond : la description minutieuse du microcosme des intellectuels de Bagdad dans les années 60 dont la principale activité était d'imiter jusqu'à la caricature l'existentialisme sartrien. Ou comment passer ses journées en ayant la nausée en permanence. Tout en précisant que la version irakienne est, comment dire, particulière, avec une propension à profiter de tous les plaisirs de la vie. Ali Bader se régale à nous faire découvrir ce petit monde, snob, prétentieux et arrogant dont la vacuité philosophique n'a d'égal que la fatuité. Il est très moqueur, notre auteur, d'une ironie cruelle qui donne à son livre une pulsation de tous les instants et un rythme qui ne faiblit pas. Mais derrière une certaine légèreté, Ali Bader capte aussi un bout de l'âme irakienne, avant Sadam Hussein, celle d'un pays au carrefour des influences musulmanes, juives et chrétiennes, et où chacun était libre d'exprimer ses opinions et ses idées sans craindre de représailles.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Créée

le 11 janv. 2017

Critique lue 71 fois

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 71 fois

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13