Dans Le cœur qui tourne, son premier roman, Donal Ryan donnait successivement la parole à 21 personnages , blessés, humiliés ou simplement paumés. Ses deux livres suivants ont confirmé l'amour de l'auteur pour les destins dramatiques, dans ce coin d'Irlande qui est le sien et où l'air du temps ne fait de cadeau à personne. Cette tonalité est toujours présente dans Par une mer basse et tranquille qui ne respire vraiment pas la gaieté. Même si Donal Ryan est un excellent conteur, il n'offre pas beaucoup de liberté à son lecteur, l'emprisonne presque, détaillant par le menu la condition et les états d'âme de ses différents protagonistes. Avec trois d'entre eux, l'un après l'autre, le romancier prend largement le temps de décrire leur vie, difficile, cela va sans dire, et même déprimante pour des raisons différentes. Le livre commence avec Farouk qui va quitter l'horreur syrienne et perdre une partie de son âme pendant son périple pour rejoindre l'Irlande. Les deux récits qui suivent, moins tragiques a priori, nous présentent des personnages nettement moins intéressants et qui ne semblent pas reliés au premier. Le dénouement nous prouvera le contraire mais la connexion entre eux a malgré tout, avis personnel, un côté forcé, comme s'il fallait absolument donner une cohérence narrative au livre lequel, sinon, aurait été une suite de nouvelles. Par une mer basse et tranquille, quoiqu'il en soit, est un livre marquant et éprouvant mais il y a quelque chose dans sa construction et parfois même dans son aspect sentencieux et systématiquement dramatique, qui peut susciter des réserves et empêcher de se laisser complètement habiter par cette noirceur appuyée.

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le 3 mai 2021

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