A force d'entendre parler de ce livre, j'avais presque l'impression d'être le seul dans mon entourage à ne pas avoir encore lu ce prix Goncourt des lycéens dont le titre m'était déjà étrangement familier avant même d'avoir eu l'idée de m'y intéresser. Les lycéens se trompent rarement lorsqu'il s'agit de goncouriser les chef-d'oeuvres, et là encore ils ont choisi un roman qui parle au coeur et qui le fait avec de jolis mots. Petit pays mérite largement son succès et sa réputation. Raconter la guerre et les massacres (dont le génocide rwandais de 1994) à travers l'innocence d'un enfant métisse était une bonne idée, encore fallait-il le faire avec suffisamment de talent pour ne pas tomber dans le convenu, le réchauffé ou le patos. Rien de tout cela, Gaël Faye manie joliment la plume, très imagée, pour nous parler de la violence guerrière qui s'empare des illusions d'enfance de son narrateur, qui emporte ses rêves, ses attaches et ses proches comme une épidémie dans le Burundi des années 1990. Un livre coloré, poétique et authentique (africain donc), brillant dans le fond et la forme, qui semble destiné autant aux jeunes qu'aux baroudeurs de la littérature, écrit avec légèreté autant qu'avec un grand sens littéraire. Bref ce que l'on semble appeler communément un chef-d'oeuvre...