Venu le moment du générique de fin de Under sandet, deux choses surprennent et frappent. La première est qu'il est tout de même étonnant que l'on puisse, encore aujourd'hui, découvrir de telles anecdotes liées à la Seconde Guerre mondiale, ou du moins ici à son immédiat lendemain. Tant de choses ont été dites, écrites et réalisées à ce propos qu'il est plutôt agréable de penser que la réflexion sur la nature humaine et les rapports entre les peuples ayant pour trame de fond le deuxième conflit mondial puisse encore être des sujets pertinents.
La deuxième chose que l'on se dit est que, pour la première fois, on se prend à soutenir les Allemands en 1945. Il faut une première pour tout et le sujet ici y était tout approprié. Maintenant c'est bien là tout ce qui pourra être classé dans le domaine de la surprise, l'ensemble restant, il faut bien l'avouer, très linéaire.


Il n'y a rien à dire, le film est beau. Les plans sur la plage de sable blanc balayée par la lumière du soleil sont des bijoux esthétiques. Les visages de ces adolescents contenus et graves qui marquent superbement le film pendant près de 2 heures contrastent magnifiquement avec l'apparente paisibilité de l'endroit. Apparente seulement car les mines sautent sans crier gare ici, créant dès le début du film une atmosphère de tension permanente et qui n'en finit jamais de nous surprendre, même (surtout?) quand la douce tranquillité des lieux baignés de soleil semblent reprendre le dessus. A titre d'exemple, cette scène du déminage dans le bunker dès les premières minutes du film est à la limite du soutenable! On tremble avec ces jeunes adolescents qui semblent à peine comprendre ce qu'il leur arrive et si c'était le pari du réalisateur alors il est probablement réussi.


C'est tout à son honneur d'ailleurs que d'avoir voulu traiter un sujet pareil, il y a là certainement une volonté claire de sensibiliser sur la nature humaine. Pour une fois, la barbarie n'est pas du côté nazi et c'est bien cela, plus qu'autre chose qui nous poussera inévitablement à la réflexion. Et quand tout cela est servi par une troupe d'acteurs tous très brillants, le résultat est bon. Inévitablement bon.


Maintenant on peut tout de même regretter l'approche trop linéaire et prévisible de l'histoire. Je m'attendais à un film choc, prenant, émouvant et/ou bouleversant et je suis ressorti de la salle avec un goût de trop peu. Les rapports entre le sergent et ces ouailles (voire ses supérieurs) sont certes intéressants et/ou rafraichissants mais ce n'est pas comme si on ne le voyait pas arriver de très loin. Les personnages sont tous très intéressants mais ne sont pas assez creusés et l'histoire manque d'une imprévisibilité nécessaire par faute sûrement d'avoir voulu emprunter, scénaristiquement parlant, des chemins déjà empruntés maintes fois auparavant et, avouons-le, un peu faciles (Qui ne serait pas ému par une bande de gamins à la gueule d'ange apeurés et ayant les larmes aux yeux?). Conclusion, les rapports entre les personnages restent malheureusement assez superficiels, la chute est très molle et attendue et on finit par survoler le film gentiment à défaut d'y plonger avec toute la complexité que les rapports humains peuvent parfois nous offrir. Dommage, car il y avait là matière à nous retourner complètement ou nous bousculer franchement par l'émotion et la surprise; la réflexion générale, finalité du film, n'en aurait été que plus forte.

BenoitBarbibul
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le 19 janv. 2016

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Benoit Barbibul

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