"L’édition, c’est 99,9% de pesanteurs et 0,1% de magie" (Viviane Hamy)

Bruno Migdal est entré dans l’édition par la petite porte (la seule qui semble aujourd’hui possible même avec le piston) : durant trois mois, il a été stagiaire dans une maison d’édition. Sauf que l’auteur, qui nous livre son journal de stage, jour après jour, a plus de quarante ans et exerçait auparavant un métier tout à fait différent.

Si le nom de la maison n’est jamais donné, on le devine bien vite, car Bruno Migdal donne avec malice plein d’éléments dans les trois premières pages, puis en distille d’autres au fur et à mesure (noms d’éditeurs et anecdotes sur les auteurs). Ainsi, chez G., il a travaillé au service éditorial où il s’est vu confié la tâche que les éditeurs refilent toujours aux stagiaires débutants : lire les manuscrits reçus par la poste. Et, il y en a beaucoup, beaucoup. Plusieurs milliers par an pour les plus grandes maisons d’édition, et 5000 pour G. Pourtant, si la tâche est fastidieuse à la longue, elle apprend au futur éditeur son rôle de gatekeeper : maintenir la frontière entre ce qui est publiable et ce qui reste du domaine privé. Sur les traces de Françoise Verny qui, paraît-il, aurait terminé sa carrière au même endroit, à lire des manuscrits et boire du whisky en même temps, Bruno Migdal consacre une grande partie de son rapport à cette problématique passionnante, et par laquelle nous sommes passés si nous avons fait le même genre de stage : comment définit-on le talent ? comment définit-on ce qui mérite d’être lu par tous et ce qui relève de l’écriture personnelle ? et comment répondre aux auteurs ?
[...]

Heureusement, Bruno Migdal a pu apercevoir d’autres pans du service éditorial, à savoir la correction et la relecture d’épreuves. Ce sont des tâches un peu moins fastidieuses : notre Bruno monte en grade, c’est sûr ! Dans un milieu où les éditeurs sont particulièrement attachés à leurs livres et à leurs auteurs, les stagiaires de l’éditorial ont en effet des difficultés à se voir confier des projets importants ; et malgré son âge, Bruno Migdal est traité comme les jeunes stagiaires de vingt ans. D’une manière générale, on a peu de temps à consacrer aux « petites mains », surtout lorsqu’elles occupent le plus bas de l’échelle professionnelle et sociale. Les stagiaires de l’éditorial sont payés - et ce dans la quasi totalité des maisons, grandes ou petites - le minimum légal (avec quelques livres en cadeau tout de même), soit 436,05 € par mois pour l’année 2013. Mais « j’aurais payé pour être là » affirme Bruno. Pourtant certains étudiants, tout aussi passionnés que lui par le livre, refusent de faire de longs stages parce qu’ils doivent enchaîner avec un petit boulot pour payer le loyer. Lire ne nourrit que l’esprit.

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http://www.bibliolingus.fr/petits-bonheurs-de-l-edition-bruno-migdal-a97726083
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le 25 août 2013

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