Philida
7.8
Philida

livre de André Brink ()

Philida, esclave dans une grande propriété viticole proche du Cap, est la mère de 4 enfants du fils de son maître, François Brink. Ce dernier lui a promis de lui donner la liberté. Ce qu'il n'a aucune intention de faire. Philida va alors déposer une plainte, geste insensé même si, en 1832, l'abolition de l'esclavage en Afrique du Sud n'est plus un rêve (elle interviendra le 1er décembre 1834). En découvrant l'existence de cette femme dans l'histoire familiale, André Brink a eu envie de tracer son portrait et d'imaginer son destin. Le roman est porté par une langue lyrique, émaillée de termes en afrikaans (merci au glossaire en fin d'ouvrage) dont le pouvoir d'évocation, comme toujours chez l'écrivain sud-africain, est prodigieux. Femme battue, violée et humiliée, Philida garde davantage que sa dignité dans les épreuves qu'elle traverse : elle s'enrichit auprès de ses compagnons d'infortune, ne se résigne jamais, ayant décidé une fois pour toute d'être une esclave libre dans sa tête quel que soit le sort qu'on lui réserve. On ne pourra reprocher à Brink nul manichéisme car plusieurs chapitres sont "écrits" par ses propriétaires blancs, ébranlés par la révolte et le désir d'affranchissement de cette indomptable, dont ils peuvent bien souiller le corps mais jamais l'âme. Philidia est aussi poignant et passionnant que 12 Years a Slave, ponctué de scènes remarquablement décrites comme cette abominable vente aux esclaves, l'une des toutes dernières avant l'émancipation.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Créée

le 12 janv. 2017

Critique lue 175 fois

1 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 175 fois

1

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13