Pour ceux qui pourraient en douter encore, Photos volées montre que la mélancolie n'est pas une mais bien plurielle et que ses formes sont innombrables. Inquiète, douce, résignée, triste, joyeuse, rêveuse, hésitante ... Jean, le héros du livre de Dominique Fabre les ressent à tour de rôle, comme autant de compagnes encombrantes et malgré tout familières, dès lors qu'à 58 ans on vient de lui signifier qu'il n'était plus indispensable dans son travail et que les portes du Pôle Emploi lui étaient grandes ouvertes. Bien entendu, dans des moments pareils, la tentation est grande de faire le bilan de sa vie. Tout en se disant qu'elle n'est (peut-être) pas terminée. Auto-persuasion ? Quand vous avez une "situation", comme on dit, vous êtes intégré. Et le contraire, qu'est-ce que c'est ? Désintégré ? Bref, il s'en pose des questions, Jean, il remâche le passé, son ex-femme qui n'a pu lui donner d'enfant, son grand amour (oui, c'est une autre), les amis, les emmerdes, etc. On connait la chanson, non ? Le style de Dominique Fabre n'est pas de ceux qui inspire le lecteur, de prime abord. Des redondances, des va et vient permanents entre passé et présent, des lamentations et des faits anodins qui auraient pu le rester. Mais il faut persévérer, se laisser aller dans un univers qui est parfois modianesque (la toponymie, l'omniprésence des souvenirs) sans avoir toutefois la grâce, la limpidité et l'aspect de flottement ouaté des livres du Prix Nobel. Mais Jean se révélant au fil des pages le frère d'armes des mélancoliques, nul doute qu'ils pourraient être légion à l'adouber en leur cercle intime.

Cinephile-doux
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le 25 avr. 2017

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