4ème partie : The next Paradise

[Spoiler]
« Cette fois-ci, les sensations qui suivirent le déclic – ou plutôt devrais-je dire la détente –, furent bien différentes. Non pas d’agitation et de cris d’épouvante, seule une couche opaque, une matière éthérée dans laquelle mon corps, insensible et indolore, démarrait son ascension.
Ce n’est que plus tard et au point culminant que j’aperçus Valérie, dans une longue robe blanche et céleste. Elle ne sembla point surprise de me voir, et m’embrassa profondément. Je dois dire que moi non plus je ne fus pas bien étonné. J’avais certes passé ma vie comme un matérialiste, ne croyant guère qu’aux interactions matérielles et ne voyant la mort que comme la station ultime d’une désintégration. Mais s’il devait y avoir encore quelque chose, je n’avais nul doute que ce fut avec Valérie, la seule et unique personne ayant comptée pour moi.
- « Je viens de finir la lecture de ton livre » m’apprit-elle, « les filles de Pattaya n’étaient donc pas à ton goût ? » ajouta-t-elle malicieusement.
- « Je ne pouvais plus, j’étais réduit à l’insensibilité » répondis-je rêveusement.
- « N’est-ce pas étonnant que notre bonheur nous fût ôté précisément au moment où nous nous décidions, où, - certes à ta manière de passivité -, tu projetais notre future famille ? »
- « C’est effectivement cocasse. Mais je l’ai dit, le monde humain n’est pas régi par un sur-monde déterministe. A notre échelle, ce qui s’est passé ne veut rien dire. Je t’ai perdue ici, j’aurais pu te perdre là ». Je laissais cette pensée en suspens, puis repris : « Cela étant, dans l’état d’hébétude consumériste et court-termiste qui caractérise l’Occident, multipliant les individus névrosés, vidés et isolés tel que moi-même, il semble fatal qu’un autre monde vienne faire face, surprenne et transperce. C’est le rappel d’une transcendance, portée par des individus qui se dépassent, qui sont encore capables de s’attacher à une cause plus grande qu’eux. Ils doivent même se sentir de plus en plus justifiés par notre néant métaphysique, lequel s’étend. »
- « Je ne sais pas. Tu as peut-être été simplement un peu trop visionnaire. L’individu occidental s’est replié sur lui-même, et il veut jouir ici et maintenant dans le système qui l’épouse le mieux, à savoir le capitalisme néo-libéral. Ils suivront, Tous suivront. Ce n’est qu’une question de temps. »
Sans continuité apparente, Valérie fit doucement glisser sa robe, laissant apparaître sa belle poitrine inchangée. Je retroussai l’étoffe jusqu’à son ventre et pénétrai en elle jusqu’au bout. Je devais rester dans cette même position éternellement, réalisant l’ultime harmonie qu’il m’était donné d’atteindre.