Un conte artificiel

Lu en Mars 2021. Édition Folio (dans Le Monde comme il va) 4,0/10.
Conte critique sur la société de son temps. Critique dans un premier temps de l'intolérance religieuse (grande velléité envers les Jésuites qui sont sa marotte du moment deux ans après Le Traité sur la Tolérance). Mise en évidence de l’opposition entre protestants et catholiques absurde mais justifiée de manière tout aussi absurde par la folie des hommes (chap6 : « l'imprudence seule fit et fera les persécutions. Je trouve très mauvais que vos mariages, l'état de vos enfants, le droit d'héritage, souffrent la moindre difficulté. Il n'est pas juste de vous saigner et de vous purger parce que vos pères ont été malades; mais que voulez-vous? ce monde est un grand Bedlam, où des fous enchaînent d'autres fous. »)

Mais surtout ce conte très artificiel critique la religion comme étant un frein au capitalisme (chap 14). Cela passe par la critique des petites gens bien stupides qui ne vivent que par la religion, dénués de tout pragmatisme économique.

Voltaire est bien hautain dans ce conte et ne raconte pas grand chose à part faire un éloge du capitalisme. Il attaque les assistés de l’époque (les prêtres) et invite à la politique du « self-made-man ».

L’utilisation de la narration sur les marionnettes est assez anecdotique et renforce donc l’utilisation artificiel du genre « conte » pour partager deux-trois opinions politiques. On peut certes y voir une allégorie de Jésus et de la prédication des apôtres en Polichinelle et sa compagnie, mais ça ne les rend guère plus intéressants. Bref, J’ai vu mieux chez Voltaire.

« Vous n'avez qu'à regarder une girouette; elle tourne tantôt au doux souffle du zéphyr, tantôt au vent violent du nord; voilà l'homme. » (chap12)