A partir d'un mail de rupture qu'elle soumet à plus de cent femmes de tous horizons, Sophie Calle continue de placer sa vie privée au centre de son art, de disséquer son intimité et de l'offrir au grand public afin de mieux pouvoir l'appréhender elle-même et de se reconstruire après la douleur. D'une impudeur radicale et d'un investissement absolu, l'art de Sophie Calle ne cesse de déranger, de surprendre, d'interpeller, de fasciner.


Prenez soin de vous est la reprise en un énorme volume de l'exposition du même nom et c'est un ouvrage passionnant. 107 regards différents sur le même e-mail, de l'analyse hyper pointue d'une chercheuse en lexicométrie, d'une normalienne (Mazarine Pingeot), d'une exégète talmudique ou d'une physicienne, en passant par l'illustration d'une dessinatrice, le texto d'une adolescente, la lettre d'une femme commissaire de police, d'une avocate, d'une juriste, la réécriture du mail par une traductrice en langage SMS ou une comptable, ou encore le film d'une réalisatrice (Laetitia Masson), l'enregistrement d'une conversation avec Macha Béranger, la performance d'artistes de cirque (plusieurs DVD et CD sont glissés ça et là dans le livre), etc.


Un superbe objet, passionnant, stimulant, cocasse, brillant, ambigu, contestable, drôle... Après Douleur exquise, dont j'avais vu l'expo et que j'ai aussi en format livre, ce Prenez soin de vous confirme mon goût pour l'art de Sophie Calle !

AlexandreAgnes
10
Écrit par

Créée

le 5 avr. 2016

Critique lue 267 fois

2 j'aime

Alex

Écrit par

Critique lue 267 fois

2

D'autres avis sur Prenez soin de vous

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

53 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

48 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime