Chère Lucie,


Enfin j’ai eu le plaisir de lire ton livre. Depuis que j’ai commencé à te lire, notamment sur Twitter, il y a près de 3 ans, j’attendais ce moment avec impatience. Comme j’ai déjà eu l’opportunité de te le dire, tu es tellement généreuse, tu donnes tellement de toi dans ce que tu racontes, que ça me semble un peu injuste de ne pas faire la même chose. Alors par cette « critique » (tout à fait objective), je vais tâcher de compenser.
J’ai commandé ton livre sur Amazon dès le 1er mars 2018 et je l’ai reçu le samedi suivant. Je me suis plus ou moins fait plaquer ce jour là. Enfin, c’est une fille que j’avais juste embrassée deux semaines auparavant et qui me plaisait beaucoup mais visiblement, elle voulait qu’on reste ami. C’est dans ce contexte que j’ouvre ton livre et que je lis les deux premiers chapitres où tu racontes tes diverses histoires sentimentales. Je ne l’ai pas supporté et je l’ai refermé immédiatement ! Ah, les flâneries, l’amour, j’ai toujours trouvé ça excessivement compliqué alors que tout me semblait si fluide dans ton livre. Des points communs, des conversations sur les séries, et ça pouvait enchainer sur de belles choses, alors que dans mon désarrois de la soirée, j’avais l’impression que tout cela m'était rigoureusement inaccessible…
Comme je lisais Les Frères Karamazov en parallèle, je me suis dit qu’il fallait que je reprenne la lecture de ton livre de meilleure humeur, après avoir terminé le pavé de Dostoïevski, ce que je fis. Et lorsque j’ai repris la lecture de ton livre, j’étais dans de meilleures dispositions. J’y ai retrouvé tout ce qui m’a autant intéressé chez toi à l’époque de l’article de Konbini et même davantage. Les cours de danse, la vie chez ton grand-père, l’internat, Nancy, Strasbourg, Cannes, Paris, beaucoup de détails et de descriptions qui rendent ton histoire très authentique. Le titre est Presque comme les autres, et tous ces éléments de ta vie que tu livres montrent que justement, tu es madame tout le monde, et pour quelqu’un de notre génération, ton témoignage n’en est que plus marquant. Comment une fille avec un parcours somme toutes ordinaire réagit à sa contamination par le VIH ? C’est tout l’intérêt de ton histoire, on ne cesse de se dire que ça aurait pu nous arriver à nous et c’est le meilleur moyen de nous réveiller face à ce satané virus. Cette saloperie de virus, il ne faut pas le laisser se faire oublier. J’attendais ton livre depuis si longtemps, il vaut mieux que toutes les campagnes de prévention et de communication. Je le ferai lire, à ce mec par exemple, rencontré en soirée et qui me racontait pas peu fier qu’il avait chopé une femme mariée dans un bar et qu’ils étaient partis coucher ensemble dans un hôtel. Immédiatement, je lui ai demandé s’il s’était protégé et il a eu cette réponse « Je lui ai fait confiance. » J’étais tellement révolté d’entendre ça que je l’ai sermonné et que je lui ai donné des préservatifs sur le champ. Et j’ai aussi pensé à toi Lucie sur ce moment. Je me suis demandé quelle énergie il te faudrait déployer pour que cesse ce genre de comportements. Je ferai lire également ton livre à mon ex, qui a mis des mois avant de faire un dépistage alors que je ne cessai de lui demander et que j’avais fait le mien dès le début de notre relation. Je le ferai lire également d’office à mes frères et plus largement, au plus grand nombre de personnes possible. Parce qu’il me semble inconcevable de nos jours de voir à quel point ce virus s’est banalisé dans les têtes. Une cochonnerie qui a pris des hommes illustres tels que Michel Foucault ou Freddy Mercury. Après des films comme Philadelphia et Dallas Buyers Club qui m’ont fait pleurer toutes les larmes de mon corps et pourtant, ça continue. Néanmoins, il n’y a pas de fatalité. Alors je me dis qu’en te lisant que rien ne vaut tes anecdotes, ton voyage à New York par exemple, la fillonière de ta grand-mère dans la Sarthe (je pensais que ça avait un rapport avec Fillon au début lol), les noms de spécialités alsaciennes imprononçables, le connard que t’as rencontré, les gars bien aussi. En passant du sourire aux larmes, en se posant avec toi la simple question de quand prendre tes médicaments lorsque tu commences à bosser au McDo. Tes pleurs, tes sourires, ta colère, ta honte, toute ta vérité. Toutes ces choses marquent, et m’ont profondément touché.
Le ton général de ce livre, bien que sérieux, est parfois léger, on découvre une jeune femme sensible, parfois chiante (ah la jalousie maladive) mais surtout très attachante et honnête, qui ne cherche pas à se donner le beau rôle, à se faire passer pour une victime mais qui au contraire, surmonte toutes les épreuves.
Alors presque comme les autres, j’approuve. Mais ce qui te distingue des autres, ce n’est pas le virus. Non, c’est ta personnalité, ton ouverture d’esprit, ta curiosité, ta gentillesse, qui peuvent parfois te faire vivre des expériences difficiles, mais qui sont surtout tellement précieux, alors, ne change surtout pas.
Pour conclure, je veux simplement te remercier. Merci de t’être livrée, merci de penser aux autres, merci de te soucier de notre jeunesse insouciante car elle en a terriblement besoin. Ton livre est une leçon de vie, et tu représentes un exemple qui prouve que la séropositivité n’est pas synonyme de solitude perpétuelle, de tristesse infinie et qu’au contraire, on peut vivre avec et avoir de belles perspectives. Mais cela n’empêche pas de tout faire pour que le maximum de personnes continue à vivre sans ce virus dans son corps.


Alors je t’embrasse et je te félicite chère Lucie.


Antho

Andika
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le 14 mars 2018

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