Bonjour à tous,


Me voilà aujourd' hui avec ce livre passionnant, et édifiant ! Pourquoi ? C' est bien simple. Laissez moi vous expliquer la chose.


C' est qu' Il en agace plus d'un, Jean Sévillia à remuer ces vieilles histoires que le politiquement correct a « ré-arrangeés à sa sauce »… ! En publiant « Quand les catholiques étaient hors la loi » l'année du centenaire de la promulgation de la loi de « séparation des Églises et de l' État », dite loi de 1905, il frappe à nouveau un grand coup. Son propos : montrer, contrairement aux idées reçues, que la laïcité ne fut pas conçue que pour apaiser les esprits, mais qu'elle fut aussi et surtout le couronnement de vingt-cinq années de politique anticléricale.
On l'aura compris, Jean Sévillia n'a pas fini d'agacer encore longtemps ses détracteurs.
Dans un livre au titre évocateur, « Quand les catholiques étaient hors la loi », tout à la fois polémique et très documenté, Jean Sévillia nous rappelle crûment l'atmosphère extrêmement conflictuelle dans laquelle cette loi fut votée, tout en rétablissant quelques jalons historiques que la pensée unique s'efforce de gommer.


Ce livre raconte de manière documentée la grande et violente charge anti-cléricale de la république contre l'église, de la fin des années 1800 pour culminer en 1905 et se poursuivre jusqu'à la première guerre mondiale. Il s'agissait d'instaurer la laïcité en nouvelle religion d'état, et les ministres qui se succèdent (Ferry, Combe, Waldeck-Rousseau, Clémenceau) n'auront de cesse de vouloir abattre la religion des français, le catholicisme, accusé de ne pas reposer sur les valeurs républicaines.


Pour cela seront votées des lois discriminatoires et liberticides à l'égard des religieux. Ce climat délétère culmine avec le ministre Emile Combe qui érigeait l'anti-cléricalisme en doctrine d'état (cfr l'expression "combisme") : expulsions des ordres car contraires au principe de la "religion laïque" (les vœux d'obéissance, de chasteté, de pauvreté étaient jugés incompatibles avec les valeurs des lumières). Des épisodes dramatiques et lamentables sont décrits dans le livre : ainsi ces milliers de religieux, souvent vieux, jetés à la rue, les épisodes sordides de spoliations et appropriations de biens d'églises. Certains scandales (fichage des officiers qui vont à l'église) font penser à la Stasi et entraîneront la chute d'un gouvernement. Tout cela, et bien plus, est très bien raconté dans le livre.


"Qui tient les écoles de France tient la France" disait Jules Ferry, c'est pourquoi en 1879 déjà les Jésuites furent interdit d'enseignement. On peut comprendre en effet qu'il ne fallait pas compter sur les religieux pour endoctriner les enfants dans les valeurs laïques. En outre l'ultra-montisme des jésuites, à cause de leur obédience au souverain pontife, joue en leur défaveur alors que sont prônées les valeurs républicaines de l'état nation et du patriotisme. Mais d'un autre côté les ordres jouaient un rôle important dans la société, que ce soit un enseignement de grande qualité ou l'importance des multiples religieuses infirmières, et la république n'était pas capable de fournir ces services.


L'auteur, catholique, est peut-être orienté. Son livre est cependant très bien documenté et cette période est importante pour comprendre la problématique actuelle de laïcité et liberté de culte. La situation apaisée actuelle est le résultat d'une histoire turbulente entre l'état et le clergé. Il est étonnant par exemple de se rendre compte qu'au plus fort de la lutte anti-cléricale le port de la soutane était interdit à certains endroits !


L'auteur donne son avis sur la situation actuelle de la laïcité en France, sur la déchristianisation et la perte des valeurs et les défis que posent l'Islam. Des questions importantes mais traitées de manière inintéressante (c'est juste le point de vue de l'auteur et d'une certaine droite catholique qui est exprimé). J'ai parcouru cette partie assez faible (heureusement courte) assez vite.


« II n’y a pas, en France, de règles supérieures aux lois de la République », avançait Jacques Chirac, en 2003, en installant la commission sur la laïcité. C’était oublier l’éternelle leçon d’Antigone contre Créon : il est des lois non écrites qui peuvent prévaloir quand l’Etat viole des préceptes légués par la sagesse des siècles.


C’était ignorer que la foi obéit toujours à des impératifs supérieurs aux enjeux terrestres.
C’était méconnaître que croyants et incroyants, de nos jours, sont confrontés aux mêmes défis. Face aux menaces que la guerre, le terrorisme, la science ou la technologie font peser sur l’humanité, qui définira des normes collectives ?
Si c’est l’Etat, il devient totalitaire, et si ces normes ne sont pas définies, c’est l’anarchie : quand la morale devient subjective, le bien commun risque de se dissoudre et la société de se déliter.


La sécularisation du monde moderne, doublée du relativisme contemporain, laisse donc entière la question du code de valeurs sur lequel repose le lien social. « L’homme avait une âme, observe Emile Poulat : il est désormais une conscience. A l’aube du troisième millénaire, les politiques ont à faire vivre en paix non plus deux ou trois religions, mais des myriades de consciences !. »


La laïcité peut-elle suffire à cette exigence ? Question ouverte.


Sur ce, je vous laisse. Bone journée à tous. Lisez. Cela vous instruira, et vous empêchera de tourner en rond. Tcho. @+.

ClementLeroy
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le 22 oct. 2016

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San  Bardamu

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