Pour s'instruire, et réfléchir par soi-même

Un très important travail de documentation et de recherche est présenté dans cet ouvrage, qui nous en apprend beaucoup sur la réalité d'une lutte désespérée et meurtrière, où des ouvriers, des étudiants, des militants sincères, animés par une révolte légitime contre la barbarie des dirigeants de certains pays, et notamment contre les massacres de civils liés à la guerre au Viet-Nam (*) ont commis des crimes qui ont ensanglanté les idéaux au nom desquels ils combattaient.

A l’époque, les partisans de la (vraie) gauche avaient suivi avec une fascination consternée les opérations des Brigades Rouges, de Prima Linea, d’Action Directe et d’autres groupes. En Italie, comme en Allemagne ou en Belgique, au sein des milieux révolutionnaires, certains avaient absurdement cru, et voulu démontrer, que l’assassinat de quelques individus pouvait arrêter la marche du pouvoir.

Les crimes commis, qui ne pouvaient que déconsidérer l’idée communiste dont ces militants se réclamaient – mais ce livre éclaire aussi les conditions inhumaines de détention et de traitement des accusés, qui aboutirent à l’annonce des prétendus suicides. Personne de bon sens n’avait évidement pu croire que des détenus enfermés comme terroristes dangereux dans une prison spéciale hautement sécurisée, aient pu se procurer des pistolets chargés. Aux assassinats se voulant révolutionnaires, répondaient des assassinats d’État. Et cela continue en pire avec les "exécutions extra-judiciaires" qui sont bel et bien des assassinats où les accusés n'ont droit à aucun procès ni à aucune chance de présenter leur défense. Et, ce qui est aussi ignoble sinon davantage, les civils qu n'ont que le tort d'être à proximité sont déchiquetés sans hésitation ni scrupule, femmes et enfants inclus, et sans aucune protestation d'aucune autorité, ni gouvernementale, ni judiciaire. Aussi, remettre les faits dans leur contexte et avec leur réalité est une entreprise qu'il faut saluer. Ce livre est difficile à trouver mais c'est une documentation essentielle sur un tel sujet, systématiquement déformé et exploité mensongèrement par les forces réactionnaires pour dénigrer les luttes des groupes progressistes, notamment par l'assimilation de toute rébellion à du ''terrorisme''.

(*) L’armée des États-Unis a déversé au Vietnam, au Cambodge et au Laos des dizaines de milliers de tonnes d’un défoliant à la dioxine qui a empoisonné trois millions d’hectares de terres. Cinq millions de personnes ont été exposées à ce produit cancérigène qui cause encore aujourd’hui des malformations congénitales de nouveaux-nés. La stratégie adoptée était, en tuant les plantations et la végétation, de faire mourir de faim la population et "ramener le pays à l'âge de pierre", un crime contre l'humanité jamais jugé et des coupables jamais inquiétés.