Sa vie ne valant pas grand-chose, Rafael, qui écrit son nom « rael », négocie sa mort, pour trois cents dollars moins les frais, auprès d’un « producteur » de snuff movies. Comme depuis qu’il est né, il y perdra. Ce récit — le titre français l’indique — raconte les derniers jours de notre antihéros, depuis la « signature » du « contrat » jusqu’au matin du tournage. Il y aura aussi eu un chapitre, que l’auteur déconseille de lire, pour évoquer en détails et par anticipation le supplice de Rafael.
J’ai parlé ailleurs (1) de mon « échelle d’Egolf » ; les personnages de Gregory Mcdonald s’y situeraient presque tous entre 8 et 10. « “C’est nous, les rats”, dit Marie » (chapitre j, p. 106), et j’ai pensé aux « rats de rivière » du Seigneur des porcheries. Ferrailleurs à un petit quart, aux trois gros autres quarts totalement désœuvrés, ces rats qui forment la communauté de Rafael n’ont pour l’essentiel jamais arrêté de boire, et ne quittent que très rarement le terrain vague où ils « vivent ». Une misère sociale sans nom. La prouesse de Gregory Macdonald est de rendre ces miséreux sympathiques, et même presque dignes, sans rien concéder sur l’écriture : le style reste tranchant, et on est à mille lieux de tout discours vaguement moralisateur.

Alcofribas
7
Écrit par

Créée

le 2 juil. 2015

Critique lue 207 fois

1 j'aime

Alcofribas

Écrit par

Critique lue 207 fois

1

D'autres avis sur Rafaël derniers jours

Rafaël derniers jours
Alcofribas
7

Venez comme vous êtes

Sa vie ne valant pas grand-chose, Rafael, qui écrit son nom « rael », négocie sa mort, pour trois cents dollars moins les frais, auprès d’un « producteur » de snuff movies. Comme...

le 2 juil. 2015

1 j'aime

Rafaël derniers jours
RoseLee
10

BOOM!

Le principal est dit dans les critiques précédentes. Ce personnage naïf et attachant, qui ne possède rien de plus que sa famille, vivant dans des conditions minables et qui se fait prendre au piège...

le 20 nov. 2013

1 j'aime

Rafaël derniers jours
Nelfe-et-MrK
9

Un roman coup de poing

Attention roman violent. Il ne s'agit pas de gore, la description de ce qui va arriver à Rafael ne fait qu'un chapitre, mais de violence psychologique. Le snuff movie n'est ici que prétexte à décrire...

le 15 avr. 2012

1 j'aime

Du même critique

Propaganda
Alcofribas
7

Dans tous les sens

Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...

le 1 oct. 2017

30 j'aime

8

Le Jeune Acteur, tome 1
Alcofribas
7

« Ce Vincent Lacoste »

Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...

le 11 nov. 2021

20 j'aime

Un roi sans divertissement
Alcofribas
9

Façon de parler

Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...

le 4 avr. 2018

20 j'aime