Raison & liberté : Sur la nature humaine, l'éducation & le rôle des intellectuels par Miroir-rioriM

Plutôt difficile de critiquer ce livre.

Pourquoi ?

Déjà, c'est engagé, c'est politique. Et souvent, noter un livre politique est extrêmement difficile car il faut essayer de ne pas noter seulement en fonction de son degré de coïncidence avec ses idées.

Ensuite, je ne suis ni philosophe, ni littéraire, pas même de loin (je suis un scientifique, à la base), je n'ai donc pas toutes les armes intellectuelles pour toujours distinguer les différents degrés de réflexion. Toutefois, vu que le livre oscille entre propos philosophiques (surtout vers le début ) et plus prosaïques, je vais me limiter à parler de ce que je peux.

Donc Raison & liberté, comme son titre l'indique, est un peu plus large et s'aventure plus dans le domaine de l'analyse abstraite de concepts que les livres prosaïques et analytiques que peut d'habitude proposer Chomsky. Mais comme je l'ai dit plus haut, on peut dire que c'est "moitié moitié".

Pour un recueil de texte, il est bien organisé, plutôt cohérent et agréable à lire.

Petit tour d'horizon précis de ce que va aborder le livre, à travers les textes de Chomky :

En préface, il va d'abord se défendre contre les accusations absurdes d'antisémitisme ( Je rappelle le nom de l'auteur : "Chomsky" ... ) pour avoir préfacé Faurisson, au nom de la liberté d'expression.

Il va ensuite traiter de la nature humaine, d'abord en vulgarisant certaines de ses théorie linguistiques et en parlant de la relation langage - liberté, puis en critiquant la conception "naturelle" et cynique de la nature de l'Homme des systèmes libéraux/ capitalistes, tout en proposant la sienne.

Puis il va réhabiliter les notions de vérité et de raison face au post-modernisme, au relativisme prôné par de nombreux intellectuels de gauche. Il va également s'attaquer au parti pris des intellectuels à travers de l'exemple très bien développé de la guerre civile espagnole.

Dans une troisième partie, on va aborder le rôle des intellectuels dans le maintien de l'ordre établi, et du contrôle des opinions populaires à travers la différence de traitement entre les évènements émaillants les USAs et l'URSS entre les intellectuels des deux camps, et notamment sur la situation en Amérique du Sud et en Yougoslavie. Il y aborde aussi la propagande politique plus "banale", venant de l'imbrication du système politique et industriel, instrument de pouvoir, et surtout reflet du sentiment de supériorité d'une classe sur le reste de la population.

Enfin, on fini sur le rôle de l'éducation, et de ses liens avec la liberté, et donc de son contrôle par les institutions de pouvoir, qu'elles soient industrielles ou gouvernementales. On vois d'abord une analyse de l'université ( américaine ) telle qu'elle est actuellement, puis les moyens d'action pour contrecarrer cette situation et enfin ce qu'elle pourrait être.

Au niveau du style, c'est fluide, comme toujours. Les idées sont complexes, mais abordées de façon toujours compréhensible, et le livre est particulièrement et se réfère souvent à des sources extérieurs.
Il offre une vision de la politique, de la géopolitique et du monde intéressante et argumentée.
C'est pour ça qu'en plus du fait que j'adhère le plus souvent aux idées de l'auteur, j'ai décidé de mettre 10, mais je répète que ce n'est pas forcément une note très objective.

C'est pas un livre qu'on lit en trois jours, c'est sûr, je me suis fréquemment arrêté, j'ai repris, j'ai annoté, j'ai recherché, j'ai laissé reposé...
Mais c'est un livre riche, fourmillant d'arguments et d'idées, qui offre une bonne vue d'ensemble des idées de l'auteur pour quelqu'un n'ayant jamais lu Chomsky, et permettant d'approfondir pour ceux qui l'ont déjà lu.

Il faut tout de même faire attention à ce qu'on achète car on peut facilement retomber sur le même texte d'un livre à l'autre, étant donné que les éditions ne sont pas coordonnées et que les livres de Chomsky sont souvent des regroupements de textes. C'est un peu le même problème qu'avec Lovecraft et toute ses nouvelles.
Miroir-rioriM
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le 6 déc. 2011

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