C'est un livre réellement fascinant sur le langage, je ne sais pas s'il y a des antécédents, s'il y a des successeurs (sans doute), mais il permet de voir en détail et en profondeur la complexité du langage. D'ailleurs je suis même surpris qu'un tel ouvrage soit traduisible en français (il est écrit en allemand à la base, il me semble), ça voudrait dire que l'on retrouve les mêmes jeux de langage d'une langue à l'autre, ou du moins des constructions similaires.


Ce n'est pas un livre de grammaire, Wittgenstein explique comment fonctionne le langage, ou plus s'étonne que le langage fonctionne, avec les différents sens d'un mot, les différentes interprétions, ce qui est sous entendu lorsque l'on dit un mot, comment ça se fait que ça soit compréhensible. Il interroge en fait ce que l'on fait tous les jours, comme ça, l'air de rien, sans jamais s'en rendre compte.


Il ne va pas aussi loin que De la Certitude (que j'ai préféré, parce qu'il parlait de la certitude en général et pas "juste" du langage), mais on sort des trucs un peu abstrait si on ne prend pas des notes à côté du Tractatus.


Lire ce livre c'est en fait comprendre, ou du moins essayer de comprendre, ce qui fait que les gens se comprennent ou croient se comprendre, ce n'est pas métaphysique, ça reste très "terre à terre" d'une certaine façon, avec beaucoup d'exemples concrets (ce qui manquait au Tractatus avec ses formules qui sortaient de partout) et ça le rend parfaitement compréhensible si on s'en donne la peine.


En le lisant j'ai plié plein de pages, il y a vraiment plein de trucs intéressants, comme l'histoire de l'arôme du café, on n'a pas les mots pour le décrire et pourtant on se persuade que c'est descriptible. Je ramènerai ça aux œnologue qui te dégustent un vin et qui vont le décrire avec des mots qui pour moi risquent d'être vides de sens et il faudra apprendre à quoi correspond chaque mot par l'expérience.


Il dit également des choses intéressantes sur la volonté, en citant Saint Augustin (qu'il cite aussi pour donner l'exemple des choses que l'on sait sans pouvoir les définir, Augustin est incapable de définir le temps si on lui demande ce que c'est, or il sait ce qu'est le temps). En effet on dit "Je veux, mais mon corps ne m'obéit pas" et pas "Ma volonté ne m'obéit pas". Le verbe vouloir se révèle beaucoup plus complexe que ce qu'il semble être, est-ce-qu'il implique la capacité, une action volontaire ? Pas pour Wittgenstein.


Quelque part je suis content que mon éducation me permette de comprendre les jeux de langage... et les recherches de Wittgenstein, l'inverse serait réellement handicapant pour communiquer.

Moizi
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le 28 mars 2015

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