Une vie sans fin

Avant même voler, se téléporter, ou devenir invisible, le fantasme surnaturel le plus répandu est surement de pouvoir revenir dans notre passé, et faire des choix de vie différents. Qu'est que deviendrait nos vies, si il y'a 20 ans on avait dit ça plutôt que ça, fait ça plutôt que ça. Avoir une seule vie est sans doute la vérité la plus dure à affronter pour un être conscient (on a même inventé les religions pour essayer de ne pas affronter la vérité), alors pouvoir avoir du rab d'essais c'est quand même très tentant.

C'est ce qui est offert à Jeff, mort d'une crise cardiaque à 40 ans dans les années 80, en plein mariage routine et boulot peu satisfaisant, qui se retrouve tel Marty McFly dans la peau de son lui vingt ans plus jeune.
Premier réflexe de tout humain normalement constitué (hein Biff Tannen), il achète une tonne d'actions IBM, Apple, et place des paris sportifs sur tout ce dont il peut se souvenir, se garantissant une aisance financière pour combler tous ses désirs inassouvis.

Mais même avec une deuxième vie, voir même une troisième ou une quatrième, on ne peut échapper à la mort, et dès lors se retrouver face à une nouvelle fatalité : tout ce qu'on construit disparait avec nous. Si le leg qu'il soit financier, culturel, humain, ou même juste les souvenirs que l'on pourra laisser derrière nous, peut générer un sentiment d'accomplissement, quand la vie s'arrête avec nous pour repartir de 0, certes c'est agréable, mais ça devient vite encore plus vide de sens. Notre empire disparait, nos enfants, tous nos accomplissements reboot.

C'est toutes ses facettes que le livre prend plaisir à explorer, du plus regressif trip coke/putes à Las Vegas, à la production d'un film avec Spielberg à la réal et Lucas aux effets spéciaux avant qu'ils soient connus. Et le récit trouve la petite idée pour sortir de ces boucles, si ce n'est avec maestria au moins avec classe.

Ken Grimwood livre ici un de ces premiers livres, très facile d'accès et plaisant à lire, en trouvant le juste milieu entre divertissement et exploration dans les motivations humains. Ceci avant qu'il décède malheureusement d'une crise cardiaque à 59 ans.