Salammbô
7.5
Salammbô

livre de Gustave Flaubert (1862)

Quand Flaubert laisse tomber les français de son siècle pour se tourner vers l'Histoire - et pas n'importe laquelle ! Celle de la Cité qui fit même trembler la grande Rome - ça donne un long roman, mais pas si long que ça en définitive, vu la richesse des évènements auxquels il s'attaque, teinté tout autant par la violence des hommes, lâches, changeants, qui se laissent porter à tous les excès au fil des retournements de la guerre, que par un mysticisme séduisant, celui des divinités païennes et de leur culte.
Les longues descriptions des richesses immenses dont regorgent certains édifices ou parures tranchent avec celles de la misère, de la faim, et de la mort qui suivent le sillage de la guerre, d'un côté comme de l'autre.
La poésie d'une partie des descriptions, des cultes puniques ou encore de la beauté de Salammbô saisit d'autant plus dans ce climat où toutes les haines, les avidités et les coup-bas dominent, comme un Voile qui flotte au-dessus de l'histoire. Mathô et son amour déformé, maladroit, violent, torturé, mais un amour tout de même, nous portent au gré des affrontements dont on ne sait plus qui on veut voir sortir vainqueur.
Une autre ombre plane sur cette histoire, celle de l'autre Histoire, celle de Caton, celle d'Hannibal. Rare dans ses apparitions, à peine nommé, sa présence pèse pourtant sur le roman sous la forme des aspirations de son père Hamilcar, ces espoirs jamais réellement prononcés mais résolument tournés vers Rome la Puissante.


Carthage est grande, Carthage est belle, Carthage est vile, Carthage est veule, si attirante et pourtant si méconnue. Il y a une vraie saveur à se plonger dans l'univers des Tanit, Kaamon, Moloch, un univers qui échappe à l'Europe et qui porte les vapeurs d'une Afrique glorieuse.


Il fallait détruire Carthage pour les romains, on ne peut que se féliciter que Flaubert ait décidé de l'écrire, pour lui donner une nouvelle vie, aussi riche et abondante que les pierreries, étoffes et mets qu'il nous offre sur ses pages.

Emile_Florin
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le 27 mai 2015

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Emile Florin

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