Errare humanum est, perseverare diabolicum...

Avec ce tome tierce du Sénéchal, le déjà talentueux Grégory Da Rosa termine sa trilogie dans un final éblouissant.

Le tome second avait laissé Philippe Gardeval, sénéchal de la cité de Lysimaque, littéralement au fond du trou. Le récit commence sous les auspices d'un espoir ténu, certes, mais réel. Le lecteur, enchaîné dans les rets de cet auteur habile, est tout aussi transi que le protagoniste de cette folle aventure. Rien ne sera épargné au Sénéchal : ni la trahison, ni les privations, ni la souffrance. Ni le vide. En effet, à trop ourdir de sombres machinations, le roué fini seul.
Si l'entame de cet opus offre une bien belle référence aux Rois maudits, la scène où le grand maître de l'ordre des templiers maudit son bourreau et sa descendance demeurant célèbre, c'est bien la narration et son phrasé médiéval devenu familier qui captive bientôt le lecteur dans sa folle farandole.

L'étonnante résurrection de celui qui passe pour un gourdiflot s'avère totalement captivante. Il est une succession de scènes où le roman vous colle aux mains, tant la course poursuite sur les toits et dans les ruettes de la capitale du royaume est échevelée. Le siège n'a rien à lui envier, tant les rebondissements coupent le souffle du lecteur dans des soubresauts haletants. Mais la scène éthérique qui vient alors surpasse encore ce qui précédé, plongeant tout ce petit monde dans un maelstrom de pouvoir renversant.
On pourrait accroire que l'accalmie qui suit augure un retour sur des sentes mieux connues. Nenni ! Grégory Da Rosa, grand maître de l'échiquier en ce monde, fini par nous mettre mat. Et avec quelle plume !
Jusqu'au bout, l'émotion est présente tant ce personnage, Philippe Gardeval, terriblement humain, nous révèle de surprenantes facettes.
Que d'éléments prennent tout leur sens alors à l'aune des révélations finales ! La trilogie est cohérente et son intensité va crescendo. Un grand récit mené de main de maître par un archange venu du ciel...