Le narrateur, un professeur de littérature à la Sorbonne, raconte la lente immixtion de l'islam dans les affaires publiques en France, jusqu'à parvenir au pouvoir.
L'auteur nous brosse comme il l'a fait dans "La carte et le territoire", le portrait d'un intellectuel solitaire et désabusé, s'intéressant peu à ses congénères, aux femmes pour son seul plaisir égoïste et éphémère, et qui se désintéresse peu à peu de tout ce qui l'entoure. Dénué de toute conscience civique, il finit par accepter la religion islamique par opportunisme et pour son seul confort.
Ce qui frappe avant tout dans ce récit, c'est le désert affectif qui entoure le narrateur. Il n'est attaché à personne, et même sa mère est enterrée dans la partie réservée aux indigents...aucun élan d'amour pour qui que ce soit, pas d'ami. La passion qu'il voue à Huysmans est son seul moteur, au point qu'il tente de faire la même quête spirituelle. Mais il s'agit davantage d'une démarche intellectuelle. Je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec ma précédente lecture "La magnificence des oiseaux" où l'un des personnages, pour devenir immortel, s'est séparé de son coeur et l'a enfermé dans un endroit glacial. Le narrateur a-t-il voulu, pour préserver sa vie de tout souci, ne s'attacher à rien ni à personne ?
Le récit en lui-même est plein d'humour corrosif face aux compromissions politiques et chacun en prend pour son grade . Ce qui est dommage, c'est que l'ouvrage soit si court ! 200 pages ! Veut-il faire de la concurrence à Nothomb ? j'aurais aimé avoir une idée de l'organisation du pays, des réactions face à l'instauration d'un état islamique... des fuites, des résistances... on reste confiné dans un petit cercle d'intellectuels uniquement centrés sur eux-mêmes. Dans "les particules élémentaires" au moins, on assistait à l'émergence d'hommes-robots. Cette fois, ce sont des hommes croyants. Pas de femmes, ne rêvez pas, elles sont reléguées au rang de domestiques...