Avec séduction, dès l'entame du livre, Jacques ATTALI affirme, à la fois l'importance, l'inéluctabilité, les ravages et les potentialités des crises liées à l'économie, aux famines, guerres, dictatures, catastrophes naturelles ou tragédies personnelles. Chacun peut, selon lui, mettre en place sept règles de survie qu'il écrit souvent sur-vie, signifiant par là qu'il est possible non seulement de traverser une vie difficile mais de se placer dans une vie supérieure en qualité.
Avec clarté, en mots usuels ou expliqués, il brosse des situations de crise passée ou à venir, avec des exemples concrets, des chiffres (parfois un peu trop), des dates qui poussent le lecteur à activer le mode d'auto-détermination qui peut être le sien et à se montrer avide d'en savoir plus sur ces gestes qui sauvent.


Jacques ATTALI développe donc, sur fond de crise financière internationale de 2008, les stratégies de survie qu'il faut activer anticipativement: le respect de soi, la valorisation du temps, l'empathie, la résilience, la créativité, l'ubiquité et le 'penser révolutionnaire'. Si le sens de ces concepts n'apparaissent immédiatement dans l'énoncé, l'auteur les explique, les commente et les illustre à souhait.


Enfin, dans une dernière partie, J. ATTALI reprend ses sept règles et développe la manière de les activer pour que puissent survivre aux crises, les gens, les entreprises, les nations, l'Humanité . (Une mention spéciale pour l'approche de la survie de l'Humanité, dernier petit mais dense chapitre de ce livre). Cette partie peut apparaître répétitive mais, en même temps, elle relève de l'apprentissage en spirale si riche aux yeux des recherches actuelles en neuro-sciences.


Un petit livre qui en dit beaucoup ... même si la mise en application de ces règles est difficile (l'auteur, lui-même, en convient) et que le propos s'avère dès lors plus tenir du discours que du témoignage. Il n'empêche, ce discours peut être mobilisateur... A chacun de prendre, d'essayer-ou non- de"chercher des fissures dans l'infortune".


Pour la route, deux citations:
1) ... l'homme doit, pour survivre, se préparer à affronter quatre ennemis principaux: la Peur, la Clarté, le Pouvoir et la Mort; autrement dit, il doit refuserde s'abandonner à la peur; ne pas penser qu'il sait tout sur tout ni qu'il peut tout sur tous; quant au dernier ennemi, la Mort, il ne peut apprendre qu'à en retarder la victoire.
2) L'ubiquité est ainsi, par définition, la vertu de celui qui vit dans la brèche entre deux mondes, qui ne croit plus en sa vérité initiale, qui ne croit pas davantage à celle qu'on veut lui imposer, et qui, dans le hiatus entre ces deux certitudes, invente sa propre vérité et fait ainsi progresser le monde.

Créée

le 5 févr. 2017

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