Pour ceux qui cherchent du polar, vous allez être déçus : l'intrigue est mal menée.
Pour ceux qui cherchent du fantastique à la Perdido Street Station, vous allez être déçu : il n'y a rien de fantastique dans ce bouquin.
Pour les autres, vous ne risquez rien.
Le livre est balisé par les (la?) ville(s) que traverse le commissaire Borlu, à la recherche d'un meurtrier. C. Mieville prend un malin plaisir à nous enfoncer dans d'absurdes circonvolutions très bien traduites pour faire transparaître le malaise générale qui sourde depuis chaque venelle. Tout est néanmoins fait pour rattacher ce monde fictif au notre, ce qui rend le propos on ne peut plus contemporain.
Dans l'introduction, C. Mieville cite entre autre Kafka comme référence de l'absurdité bureaucratique, et on pourrait presque lui reprocher de ne pas être allé assez loin dans l'intrication/la superposition des deux villes l'une sur l'autre. En effet, au regard des multiples conflits politiques, religieux et ethniques qui se jouent entre l'Europe de l'Est et le Moyen Orient depuis plus de 200 (2000?) ans, l'entente cordiale qui anime Beszel comme Ul Qoma ainsi que le laxisme de ses autorités en matière de passage de frontières passerait presque pour une utopie aux yeux des ploutocrates de Syrie comme d'Israël.