Tous les oiseaux du ciel est un roman à double détente. D'un côté, l'on suit en temps réel Jake, une éleveuse de moutons vivant seule sur une petite île au large de l'Angleterre, et s'acharnant à découvrir quel individu (ou animal ?) peut bien décimer peu à peu son troupeau. C'est une femme recluse, masculine, au corps massif et qui se méfie de tout et de tout le monde. Les chapitres décrivant son quotidien isolé alternent systématiquement avec des pans de son passé australien qui nous est révélé à petites doses et, a contrario du présent, dans une chronologie inversée, comme un chemin de croix qui remonte à un acte originel brulant d'intensité. A l'opposé de son premier livre, Après le feu, un murmure doux et léger, qui était plutôt contemplatif et relativement laborieux, Tous les oiseaux du ciel monte en puissance au fil des pages pour un crescendo final dévastateur. Non sans qu'il reste une part d'une mystère sur l'état mental de son héroïne qui a traversé tant d'épreuves dont elle porte encore les stigmates sur son corps. Le style d'Evie Wyld est un mélange de poésie brute et de réalisme, sordide par moment. Au jeu des références McCarthy ou, plus lointain, Caldwell pourraient être cités. Il y a une crudité et une toxicité constantes dans ce roman qui en rendent souvent la lecture éprouvante. Mais le récit anxiogène est terriblement addictif, non pour découvrir ce que Jake devient mais pour savoir d'où vient cette douleur et cette angoisse permanentes. Born to be Wyld !

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le 10 janv. 2017

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