[...] J’ai été employé aux écritures.

La vérité sur l'Affaire Norman Jail ?
Oui mais que dire de ces Trois jours avec Norman Jail ?
Que dire de ces trois heures passées avec Eric Fottorino ?
Ça commence plutôt bien, et c'est même ce qui nous a piégé, parce que le bonhomme sait écrire : il n'est pas journaliste et directeur du Monde pour rien.
Les effets sont enfilés avec brio comme des perles dont l'éclat aurait été terni, le brillant épuisé, d'avoir été passées d'un collier à un autre puis à un autre encore.
Mais justement son bouquin parle (trop) du travail d'écriture : un sujet battu et rebattu, qui fera à coup sûr les unes de la blogoboule, un thème qui ne sent peut-être pas la finale du prix qu'on court mais tout au moins l'épreuve éliminatoire, peut-être même le match de gallinacées et très certainement l'entrainement par équipe sous le maillot gallimard (Fottorino est mordu de vélo).
Pendant de trop longues pages et d’interminables chapitres, les premiers jours passés avec Norman Fottorino s'étirent en longueur pendant qu'il nous raconte, avec brio, les affres de l'écriture, de l'écrivain, de son stylo et de sa page blanche.
Avec brio mais sans grande originalité. Tout a déjà été dit, du moins sur ce ton là, et n'est pas Bukowski qui veut, qui osait se mettre à nu, au propre comme au figuré.
Dans ce registre où les écrivains parlent des écrivains, Norman Jail a beau se dire buvard, on n'est très très loin du charme magique du premier roman de Julia Kerninon et en dépit d'un dénouement qui se donne des allures de polar, on est également très loin de l'auto-dérision haletante de l'Affaire Harry Québert.
Et puis, Fottorino le dit lui-même, le lecteur n'aime pas trop qu'on lui démontre les tours de magie des écrivains et préfère rester sur sa naïve surprise : ô bravo, mais d'où lui est venue cette tournure-là, ô joli, mais de quel chapeau ou stylo sort-il cette belle phrase aux oreilles de lapin, ...
L'écriture comme la prestidigitation doit rester un peu secrète et la voici étalée et décortiquée sur des dizaines de pages.



[...] Un roman réussi est un tour de magie.
[...] Vous ne savez pas bien comment l’auteur a fait, et si vous le saviez, le charme serait brisé.



Alors oui, le spectateur est bien déçu. Le show est bien rodé, les éclairages sont professionnels, la musique est de qualité, alors on reste dans la salle jusqu'au clou du spectacle. Un retournement que même le lecteur le plus inattentif a vu venir de loin mais Norman Fottorino n'est pas avare de son métier et nous ressert encore un ou deux twists, des rappels en quelque sorte.
Mais nos applaudissements ne sont guère enthousiastes.
Pour celles et ceux qui aiment les écrivains.

BMR
4
Écrit par

Créée

le 18 mai 2016

Critique lue 241 fois

BMR

Écrit par

Critique lue 241 fois

D'autres avis sur Trois jours avec Norman Jail

Trois jours avec Norman Jail
BMR
4

[...] J’ai été employé aux écritures.

La vérité sur l'Affaire Norman Jail ? Oui mais que dire de ces Trois jours avec Norman Jail ? Que dire de ces trois heures passées avec Eric Fottorino ? Ça commence plutôt bien, et c'est même ce qui...

Par

le 18 mai 2016

Trois jours avec Norman Jail
Lauraline_Xywz
8

Critique de Trois jours avec Norman Jail par Lauraline Xywz

La nouvelle livraison d'Eric Fottorino nous offre une belle réflexion sur l'écriture, sa magie, les affres dans lesquelles elle peut plonger l'écrivain. La rencontre passionnante entre Norman Jail et...

le 29 avr. 2016

Du même critique

A War
BMR
8

Quelque chose de pourri dans notre royaume du Danemark.

Encore un film de guerre en Afghanistan ? Bof ... Oui, mais c'est un film danois. Ah ? Oui, un film de Tobias Lindholm. Attends, ça me dit quelque chose ... Ah purée, c'est celui de Hijacking ...

Par

le 5 juin 2016

10 j'aime

2

The Two Faces of January
BMR
4

La femme ou la valise ?

Premier film de Hossein Amini, le scénariste de Drive, The two faces of January, est un polar un peu mollasson qui veut reproduire le charme, le ton, les ambiances, les couleurs, des films noirs...

Par

le 23 juin 2014

10 j'aime

Les bottes suédoises
BMR
6

[...] Je ne suis pas hypocondriaque, mais je préfère être tranquille.

C'est évidemment avec un petit pincement au cœur que l'on ouvre le paquet contenant Les bottes suédoises, dernier roman du regretté Henning Mankell disparu fin 2015. C'est par fidélité au suédois et...

Par

le 10 oct. 2016

9 j'aime

1