Troupe 52
6.4
Troupe 52

livre de Nick Cutter (2016)

Troupe(au) de stéréotypes ou les limites du marketing.

Je n'avais pas lu de livre du genre "horreur/épouvante" depuis mon enfance, d'abord parce que je suis facilement impressionnable dans ce domaine et également parce que je trouve que c'est un genre stéréotypé au possible, peu pourvu en nuance et en subtilité. Il n'était donc pas inutile de me faire une petite piqûre de rappel d'autant plus que si Troupe 52 est un ramassis de clichés, il ne ferait même pas frémir un enfant de huit ans. Non pas que je ne goûte pas le bel hommage à Sa Majesté des mouches qui démontre une certaine culture littéraire de l'auteur, mais la vulgarité et l'immaturité profonde qui émaillent ce livre m'ont exaspéré à de nombreux égards. Troupe 52 est donc un roman qui raconte l'histoire d'un groupe de scouts parti en expédition sur une île et qui se retrouve confronté à une sombre épidémie, qui permet d'exhiber le véritable visage de chaque jeune garçon face aux difficultés. Cependant, malgré une belle idée qu'on sait un peu usée jusqu'à la corde, le marketing ne prend pas, même avec les nombreuses citations de "génie" de la médiocrité littéraire américaine sur la couverture. Troupe 52 parvient même à être moins effrayant qu'un simple petit roman de la série Chaire de Poule tant non seulement le roman n'est pas d'un point de vue narratif effrayant, mais ne parvient même pas à créer une ambiance un tant soi peu glauque, à peine correctement gore.


Néanmoins, la structure narrative n'est pas mauvaise car l'auteur semble savoir ficeler son récit, avec un nombre important de retours en arrière, et avec un savoir-faire qui est évident qui rappelle les grands classiques du roman contemporain américain. En revanche, chacun sait que le genre repose sur des personnages forts. Ainsi, les cinq petits jeunes qui sont les véritables protagonistes auraient du recouvrir une densité réelle mais malgré quelques efforts salutaires, ils ne restent que les caricatures d'eux-mêmes, sans nuance, avec un destin dont on pourrait deviner l'avance le tragique aboutissement. Il y a un véritable manichéisme dans le traitement de la plupart des personnages et surtout, l'auteur se complaît dans une théorie et un champ lexical de la virilité nauséeuse, comme s'il était resté coincé dans une cour de collège. Quant au sentiment de peur ou de dégoût, il est réellement inexistant, et cela n'est pas l'avis d'un lecteur blasé sur ces questions, bien au contraire. La médiocrité du roman est particulièrement palpable en ce qu'il s'agit de la fin du roman, et de l'aboutissement final, dont il est clair qu'il a été rajouté à la hâte à la fin. Et pour conclure sur la trame générale, elle est passable, bien que non-cohérente et faussement cynique. A la fin, une seule question : fallait-il couper des arbres pour éditer un livre pareil?

PaulStaes
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Livres lus

Créée

le 27 août 2019

Critique lue 263 fois

Paul Staes

Écrit par

Critique lue 263 fois

D'autres avis sur Troupe 52

Troupe 52
ValerieDufourd
6

tu tiens peut-être quelque chose

De Troupe 52 , l'auteur dit dans ses remerciements que son père, son éditeur, son agent ... lui ont tous fait la même réflexion : "Tu tiens peut-être quelque chose". Et le moins que l'on puisse dire...

le 29 nov. 2018

1 j'aime

Troupe 52
Saurcroc
8

Dérangeant!!

Je m'attendais totalement à autre chose. Ce livre est classé thriller mais pour moi, c'était un très bon livre d'horreur. Un livre qui m'a touché plus que je m'y attendais. Il m'a fait le même effet...

le 17 avr. 2024

Troupe 52
criki
7

Crado mais beau

Un livre. Qui va vous secouer les tripes, viscéralement dérangeant, nauséabond... Les personnages, archétypaux mais profondément humains dans leur inhumanité vont vous hanter pour longtemps Un moment...

le 10 sept. 2020

Du même critique

La Tresse
PaulStaes
3

Niaiseries, caricatures et banalités.

Laetitia Colombiani a écrit un livre de magasines féminins bas de gamme, qui ferait presque rougir Amélie Nothomb ou Marc Lévy par sa médiocrité. Pourtant, l'envie était très forte : une publicité...

le 2 juil. 2017

23 j'aime

10

Orgueil et Préjugés
PaulStaes
5

Les aventures niaises et mièvres des petites aristocrates anglaises

Âpre lecteur de classiques en tout genre, admirateur absolu de tous les stylistes et grands romanciers des temps perdus, je m'attaquai à Orgueil et Préjugés avec l'espérance d'un nouveau coup de...

le 21 sept. 2022

17 j'aime

10