Un recueil de nouvelles d’auteurs français, parmi lesquels une tripotée d’auteurs de jeu de rôle, sur le thème de l’uchronie? Je dois tuer qui pour l’avoir? Au final, le processus s’est avéré un peu moins compliqué (et moins douteux d’un point de vue légal) et j’ai donc pu lire tranquillement U-Chroniques, ouvrage collectif publié par l’association ImaJn’ère.


La première conclusion à laquelle j’arrive est en fait une question: la nouvelle est-elle un bon format pour l’uchronie? Disons les choses autrement: même si j’ai globalement bien apprécié cet ouvrage, je me suis souvent retrouvé frustré par le format court. Je suppose qu’à force de me nourrir au Turtledove en huit volumes ou aux chronologies kilométriques de 1940, la France continue, ça devait arriver.


Je soupçonne que ce problème personnel a également été celui d’un certain nombre d’auteurs, ce qui expliquerait ma frustration. Plus généralement, les nouvelles de U-Chroniques que j’ai trouvées les plus réussies sont celles qui ont su se concentrer sur une histoire et garder l’Histoire (uchronique) en toile de fond, sans trop s’apesantir dessus.


Témoin « L’été insensé », de Roland C. Wagner, avec son Summer of Love à la française vu par celle qui l’a filmé, « Le vol et la nuit » de Romuald Herbreteau, joli clin d’œil uchronique à Saint-Ex ou le très court « Dark night », autre clin d’œil à un héros quelque peu différent.


Dans un style plus, disons, auto-référent, j’ai pas mal ri au « Fornax et les Aleximores » de Pierre Laurendeau, mais ça doit être la graphiste qui parle. « Uchronis », de Jérôme V., est également sympa; ce sont deux nouvelles qui parlent de l’uchronie plutôt que d’uchronies et qui le font dans un style assez malin.


Entendons-nous bien: je cite ces textes parce que ce sont ceux qui m’ont le plus marqué, mais, de façon générale, la qualité de ce recueil est très élevée. Il n’y a guère plus d’une ou deux nouvelles qui ne m’ont pas trop plu, principalement parce qu’allant trop loin dans la divergence au point de perdre tout référentiel. L’uchronie est amusante quand elle reste reconnaissable et c’est un problème qui est bien connu de ceux qui en font « sérieusement »: plus on s’éloigne de la divergence, plus « l’effet papillon » risque de créer un monde si éloigné de la référence qu’il en devient peu crédible.


U-Chroniques, avec sa couverture signée Manchu et ses illustrations intérieures façon « affiche de film » de Francisco Varon, est un recueil qui vaut assez largement ses dix-huit euros (plus frais de port). Qui plus est, il soutient une association qui le mérite, autant que des auteurs talentueux. Amis uchronistes: achetez-le!

SGallay
7
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le 24 avr. 2015

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