Un fleuve de fumée est la suite d'Un océan de pavots mais les deux romans d'Amitav Ghosh peuvent se lire de façon indépendante. Plusieurs voix interviennent dans le récit qui se concentre sur la communauté étrangère de Canton, autour de 1840, alors que les autorités chinoises ont décidé de s'attaquer aux trafiquants d'opium qui s'enrichissent en toute illégalité. Riche en détails, parfois trop, Un fleuve de fumée ne décevra pas les amateurs de sagas historiques. Le style fouillé de Ghosh, son talent à capter l'essence d'une époque et à camper des personnages plus vrais que nature font merveille. Le ton est souvent ironique, épinglant sans aménité la morgue occidentale, un colonialisme sans vergogne qui finit par se heurter à une culture orientale incompréhensible pour ces capitalistes du XIXe siècle dont l'humilité n'est pas la qualité première. Outre Canton, l'opium est l'autre "star" du livre, son commerce dûment décrit à travers une kyrielle de personnages qui n'ont guère de moralité à exploiter cette manne. Le roman est bigarré, nourri d'un nombre incalculables de termes obscurs que Ghosh n'a pas souhaité expliciter dans un lexique, la lecture n'en étant d'ailleurs pas affecté. Dense, romanesque, intimiste, fluide : Un fleuve de fumée est l'oeuvre d'un écrivain qui marie grande Histoire et fiction avec un rare bonheur. Vivement la dernière partie de cette trilogie opiacée !

Cinephile-doux
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le 10 janv. 2017

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