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Divulguer le thème qu’Arpino exploite dans ce récit frustrerait le lecteur potentiel : Une âme perdue est un roman à chute. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son dénouement est un modèle du genre.
L’orphelin Tino, gauche et fort en thème, raconte six jours passés, à l’occasion des oraux du bac, chez son oncle et sa tante de Turin, dans une maison qui « n’est pas un palais mais […] peut prendre des allures de labyrinthe quand on manque d’entraînement » (p. 23). D’où une peinture assez fraîche de cette moyenne bourgeoisie des années 1960, qui traîne ses névroses de cercle de jeux en petits cognacs : on a un statut social, on fait fructifier le patrimoine, on tient sa maisonnée, on emploie une domestique, on est ingénieur, — et accessoirement on abrite, client hebdomadaire d’Iris la méprisée, un « secret : un frère jumeau de l’ingénieur, un débile qui vit depuis vingt ans enfermé dans une pièce de cette demeure » (p. 18).
Tout se déroule à huis clos, et le manque d’assurance de Tino, seul adolescent dans un monde d’adultes moisi, est un ressort essentiel de la narration. Sa peur croissante n’est pas de celles qui se communiquent au lecteur — Une âme perdue n’a rien d’un livre d’épouvante —, mais on ne l’ignore pas pour autant.
Du coup, ce qu’on prenait pour un roman d’apprentissage finira en eau de boudin, et les indices laissés par le narrateur tout au long de son récit prendront leur sens une vingtaine de pages avant la fin, à la lumière de la chute.

Alcofribas
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le 22 avr. 2015

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