Dans ce court roman, on retrouve les filles du conte de Granville, ce haut magistrat qui avait fondé deux familles tant son épouse – dévote fanatique – l’insupportait. Ses deux filles, Marie-Eugénie et Marie-Angélique ont été sacrifiées et abandonnées à l’éducation très stricte de leur mère tyrannique tandis que lui s’occupait de l’éducation de ses fils. Les jeunes filles, plus ignorantes que des nonnes recluses au fond du couvent le plus inaccessible, acceptèrent de se marier avec le premier homme venu pour échapper aux griffes maternelles.
Marie-Angélique épousa le comte Félix de Vandenesse et Marie-Eugénie le banquier Ferdinand du Tillet. Jadis très complices, les deux sœurs furent séparées et se perdirent quelque peu de vue, leur époux respectif se détestant cordialement.
Marie-Angélique, après quelques années d’amour sincère, commença de s’ennuyer. Elle remarqua alors le poète Raoul Nathan. Trois femmes – Lady Dudley, Madame de Manerville et la marquise de Vandenesse (épouse du frère de Félix) – virent alors le moyen de se venger de Félix : toutes trois amoureuses de lui, elles ne lui pardonnèrent jamais d’avoir épousé une fille d’Eve, ignorante, naïve et bercée de religion. Elles complotèrent pour pousser Marie-Angélique dans les bras de l’écrivain. Plan qui fonctionna à merveille : la comtesse et Raoul tombèrent amoureux l’un de l’autre. Ceux-ci n’eurent alors de cesse de se rencontrer : dans les salons mondains à la mauvaise saison, au Bois de Boulogne en été.
Raoul, très ambitieux, cherchait à se hisser socialement et à entrer en politique. Pour cela, il fonda un journal grâce à de l’argent fourni par sa maîtresse, une actrice demi-mondaine nommé Florine. L’un de ses associés (Ferdinand du Tillet, un loup sans scrupule) le doubla, précipita sa ruine et le conduisit à intenter à ses jours. Pour le sauver et payer ses dettes, la comtesse de Vandenesse se procura de l’argent auprès de Madame de Nucingen en recourant à des lettres de change. Et se mit ainsi elle-même dans une position fort délicate.
Marie-Eugénie intervint alors en parlant à Félix et en lui révélant l’amour de sa femme pour l’écrivain. Magnanime, le mari sauva son épouse et lui pardonna.
Un roman assez court mais pourtant empreint de certaines longueurs. Le ton est résolument narratif, très descriptif. Balzac ouvre fréquemment des parenthèses dans le récit général pour de longs apartés qui, selon moi, nuisent quelque peu au rythme de l’ensemble. Les portraits de Raoul et de Florine sont presque interminables. J’avoue avoir parfois lu en diagonale.
Un texte néanmoins intéressant car il apporte une suite au récit « Une double famille » tout en introduisant dans la Comédie Humaine de nouveaux personnages comme Raoul Nathan, Félix de Vandenesse ou Ferdinand du Tillet. Balzac s’intéresse à nouveau aux femmes mariées, souvent peu instruites, qui vivent dans l’ombre de leurs époux. Et à nouveau une critique du fanatisme religieux.
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le 19 juil. 2013

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