"Si vous n'aimez pas le reflet, ne regardez pas dans le miroir"

Je confesse que je n'avais encore jamais lu Fabio M. MITCHELLI, je le découvre donc à travers un thème que je connais bien. Alors que je croyais à une bio de Luka Rocco MAGNOTTA, Allelouia !!! ce ne fut pas le cas. Cela étant le légiste s'appelle Paul NEWMAN, outre ce que ce nom évoque directement, rappelle le véritable patronyme de Luka, dans la réalité.
On notera aussi que « la bête noire » revient, sauf erreur de ma part, 4 fois dans le roman !!! Bel hommage (inconscient ou volontaire) à cette très belle collection.
Que pourrais-je en dire sans revenir sur le synopsis du roman, -qui repose sur plusieurs faits réels, sans pour autant y coller, et c'est un point positif ?
Le concept de résilience prend un gros coup, et c'est bien dommage, car en fait de thérapie par la résilience (expression qui s'apparenterait à un pléonasme) les thérapies ici condamnées sont plutôt à considérer du côté de la thérapie comportementale, cognitive, qui plus est, exercée par un psy fort peu incommodé de la déontologie !!! C'est bien de l'écrire !!!


Et ce alors même que nous sont présentées dans le roman de très lourdes pathologies. Dans le désordre, sans exhaustivité et sans préférence : pédophilie, paranoïa hallucinatoire, syndrome de stress post-traumatique, complexe du survivant, non-reconnaissance du sujet dans le miroir, complicité de crimes ; tout cela à côté, ou en parallèle, ou en face, (on ne sait plus qui/quoi s'adresse à qui/quoi !) de magouilles financières, économiques, politiques.


Bref en principe du très très très lourd sur tous les plans.
Or ce n'est pas ce que j'ai ressenti ; ce fut, au contraire, une tentative narrative, - de ces personnages meurtris, tous ou presque ayant peu ou prou un "avant-la-mort" d'un proche -. faite de pudeur, laquelle venait s'interposer entre moi, lectrice et les horreurs que j'étais en train de lire.
Point de voyeurisme dans ce roman, où pourtant la vision dans le miroir est une des grandes problématiques.
Point de trop-prêt-à-penser, ce qui a sollicité mon imagination co-créatrice, et raccorde à la fin de l'histoire, suggestive mais pas trop révélatrice. Encore un point positif.
Le vrai suspens selon moi : le psoriasis de Jake, LA grande maladie des limites, de l'intrusion, du trop, le corps parle, du grand classique, mais du sûr. Son psoriasis est un personnage à part entière, un baromètre. Il est, me semble-t-il, le symptôme du roman. Et je me suis demandée jusqu'à la fin, comment ça allait se guérir ? De quoi ça parlait ?
Mon regret : le fil rouge, mais rouge ultra vif clignotant, que j'avais cru évacué lors même que l'auteur fait dire à l'une de ses héroïnes, Louise, qu'elle n'est "pas là pour jouer un remake du Silence des agneaux" avec Hannibal Singleton Lecter !!!
On appréciera, pour finir sur deux notes positives : 1°) une playlist, mais aussi disséminées de façon plus ou moins évidentes des références filmographiques et télévisuelles grand public, qui jalonnent le parcours des protagonistes. Tout est prêt pour une portée à l'écran et un abord aisé du roman ; et 2°) une temporalité toute particulière, Un rythme proche des montagnes russes, alaskiennes mené tout au long de la première partie du roman par Fabio MITCHELLI. Et ça j'ai adoré !


Bref, j'ai pris plaisir à traverser ce roman, et ce lieu magique sans nuit dehors tant il fait nuit dedans.


Bonne lecture !

Créée

le 10 oct. 2016

Critique lue 219 fois

Agyness-Bowie

Écrit par

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