King of the divan

Une saison chez Lacan est le récit de la psychanalyse subie/suivie par Pierre Rey avec Jacques Lacan pendant près de dix ans et c’est une intéressante plongée dans l’univers de la psychanalyse vue non par un analyste, comme on le voit ou le lit généralement, mais par un patient (un « analysant »).

On découvre plus ou moins le fonctionnement d’une analyse — à tout le moins, l’analyse avec Lacan : les débuts, « l’analyse avant l’analyse », les discussions et, peut-être surtout, la personnalité de Lacan qui apparaît comme une ombre mystérieuse, une figure tutélaire parcourant le livre sans jamais vraiment être là ; à l’instar du Gros qui apparaît, disparaît et réapparaît constamment, jusqu’à la fin du livre où l’on apprend ce qu’il est devenu : c’en deviendrait presque un livre à suspense. De la même manière, on se demande comment va faire l’auteur pour payer son thérapeute qui exige qu’il vienne toujours le lendemain, malgré les paroles toujours renouvelées de Rey : « Je n’ai plus d’argent. » Mais il revient. Et il paie. Allez savoir comment.

Le lecteur se prend d’affection pour l’auteur qui se livre et qui s’est livré tout entier à Lacan. On sent que Pierre Rey s’est adonné à la lecture de théorie psychanalytique : il livre ses propres théories sur lui-même, s’étudie en long et en large, s’offre à nous et nous invite à la réflexion et à l’introspection, étudie la linguistique et, comme Lacan, invite à marier Freud à Saussure. Lacan lui demande même pourquoi il ne songe pas à devenir psychanalyste lui-même — réponse de l’intéressé : « L’analyse n’était qu’un moyen de ma liberté. Pas une fin en soi : j’étais trop peu doué pour le malheur pour désirer, professionnellement, être à l’écoute de celui des autres. »

Ce livre est de ceux qui donnent envie d’aller plus loin, de tâter nous-même la théorie freudienne, jungienne, et même lacanienne… Avec quelles chances de succès ? Il suffit d’essayer.

« Il n’y a pas de malentendus, il n’y a que des malentendants. »