Lu en Avril 2021. Ed. Booking International. 7,5/10
Jadis, si je me souviens bien... : Présentation de son recueil. Explosion diabolique. Avant de se suicider et pour ne pas se suicider. Mis en avant d'une poésie universelle, objective - 9,0
« cher Satan, […] vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné. »
Mauvais sang : Critique de la France et de son idéologie. Critique du positivisme, culte de la science. Démonstration d'une haine pure et pas nécessairement justifiée. Nostalgie de choses qu'il n'a pas vécu. C'est beau, voire épique mais immature c'est flagrant – 7,0
Nuit de l'enfer : Folie écrite. Autodestruction dans le paganisme, le refus ou le doute de Dieu. S'amuser à jouer le mal. Et en souffrir terriblement car la foi eut été simple et plus heureuse certainement - 6,5
Délire I - Vierge folle : Difficile, assez fou. Parole de la vierge folle qui décrit son époux infernal. Elle semble mariée à un bon samaritain, mais qui parle de mort en permanence. Peut être est ce une nouvelle attaque sur la religion. Sur Jésus. 6,0
Délire II - Alchimie du verbe : Difficile aussi car délire. Sentiment quasiment d’écriture quasi-automatique et pourtant très élégante et rythmée. Retour sur son enfance, sa manière d'écrire. Ça ressemble quasiment à un testament. Ou une lettre qui précède, peut-être empêchera, le suicide. Dépression aiguë, mais c'est beau – 9,0.
« Ce fut d’abord une étude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixai des vertiges. »
Impossible : Critique de la raideur occidentale. Éloge et désir de l'orient sans pour autant en parler vraiment, sans le décrire romantiquement. Les damnés sont les étrangers et ont raison. Poésie très impersonnelle, objective - 7,5
L'éclair : Éloge paradoxal du travail puis de la fainéantise. Éclair de l'envie de vivre. Refus de la mort. Complexe - 5,0
Matin : Sensation de repentance. Le poète au matin porte sa croix avant de mourir - 6,5
Adieu: Mort, ou du moins mort d'une époque. Le poète a fini d'écrire. Il n'est pas reconnu comme important. Mais qu'importe. Il meurt pour renaître plus heureux loin de l'inspiration du diable et des maux. Ce dernier poème semble plus classique, plus maîtrisé, mesuré et c’est pourquoi je le trouve meilleurs. Son dernier quart est d’une grande lucidité, pourrait faire office de manifeste.- 9,0
« Il faut être absolument moderne »
Dans l’ensemble, Une saison en Enfer est évidemment une oeuvre complexe. La folie qui y préside est proéminente, la haine qui transparait parfois étouffante. Mais il y a de très belles choses dès qu’il se rapproche... de Baudelaire.
La structure du recueil qui évolue d’une haine pure vers la folie vers la rédemption est intéressante et surtout assez lisible, ce que je trouve intéressant. Comment Rimbaud aurait organisé en recueil ses autres poèmes ?
En bref, c'est un jet génial, parfois trop jeune à mon goût mais résolument moderne !C'est une œuvre intrigante qui mériterait de lire des analyses poussées pour en comprendre les plus infimes subtilités.